Haïti : les sanctions américaines contre les gangs critiquées pour leur inefficacité
- etrof16
- il y a 1 jour
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Au cours des derniers mois, l’Ambassade américaine en Haïti n’a cessé d’attirer l’attention sur les menaces que constituent les gangs pour la vie quotidienne du peuple haïtien. À travers plusieurs messages publiés sur ses réseaux sociaux, l’institution a diffusé des images de personnes sanctionnées ou accusées de collusion avec des groupes armés. Une stratégie de communication qui, selon de nombreux observateurs, peine toutefois à toucher la population.
En ce début de semaine, les deux dernières personnalités visées par les sanctions américaines sont Kempès Sanon, un membre influent de la coalition Viv Ansanm opérant à Bel-Air, et Dimitry Hérard, ancien chef de la sécurité du Palais national sous la présidence de Jovenel Moïse. Selon les autorités américaines, ces individus auraient contribué à alimenter les activités criminelles et à entretenir l’instabilité dans le pays. Par ailleurs, le Département d’État américain a adopté à l’unanimité une résolution visant à renforcer les mesures de sanction : gel des avoirs, interdiction de voyager et embargo sur les armes destinées à Haïti.
Cependant, la persistance de l’ambassade dans sa logique de sensibilisation sur les dangers liés aux gangs suscite de vives réactions au sein de la population. Réginald Dumé, membre du mouvement socio-politique Challenger Populaire estime que l’échec de la Force multinationale est avant tout celui des États-Unis, en raison de leurs engagements non tenus et de leurs relations ambiguës avec les autorités haïtiennes.
« Le retour progressif des habitants dans certains quartiers après les attaques des gangs traduit leur volonté de retrouver leur foyer, mais aussi leur manque de confiance envers l’État, qui a pourtant l’obligation d’assurer leur sécurité. D’un autre côté, si les États-Unis le voulaient réellement, ils disposeraient des moyens matériels et technologiques pour résoudre la crise sécuritaire. Les sanctions américaines, quant à elles, restent inefficaces puisqu’elles ne sont suivies d’aucune procédure judiciaire », a-t-il déclaré.
De son côté, Ricardo Fleuridor, responsable de la structure "Nou p ap Konplis", affirme que les messages de l’ambassade américaine n’ont pas d’impact réel ni sur les gangs ni sur la population qui les subit.
« Les déclarations des autorités américaines ont peu de portée, car elles cherchent surtout à se dédouaner et à donner l’impression qu’elles ne sont pas complices des hommes armés. Les sanctions auraient un véritable effet si les chefs de gangs avaient des intérêts à l’étranger. En réalité, ces stratégies de communication ne contribuent en rien à l’amélioration de la situation sécuritaire en Haïti. Nous comprenons bien la logique qui se cache derrière », a-t-il ajouté.
Ainsi, les réactions critiques se multiplient face aux publications de l’ambassade même sur les réseaux sociaux. De nombreux citoyens dénoncent ce qu’ils considèrent comme la passivité des autorités américaines face à la crise que traverse le pays. Pour eux, le véritable soutien des États-Unis devrait passer par un engagement plus concret : fournir du matériel logistique, assurer la formation adéquate de la Police nationale, des membres des FAD’H, ainsi que de la Force de Répression des Gangs (FRG), afin de neutraliser les groupes armés et de permettre aux acteurs haïtiens de prendre en main la résolution de la crise politique.
En revanche, durant ces derniers mois, le nombre des personnes sanctionnées a largement augmenté. Les anciens parlementaires, Antonio Chéramy, dit Don Kato et Arnel Bélizaire ont été aussi inclus dans cette longue liste qui compte désormais plus d'une vingtaine de sanctionnés.
AM/HPN















