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Le Bureau Haïtien du Droit d’Auteur : 20 ans d’existence, mais un long chemin à parcourir

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Le Bureau Haïtien du Droit d’Auteur (BHDA) a organisé, ce lundi 13 octobre, une journée portes ouvertes dans ses locaux à la ruelle Chériez. L’objectif de cette activité était de sensibiliser les acteurs et opérateurs culturels à l’importance de cette institution, fondée par décret le 12 octobre 2005.


Cette journée marquait également une double célébration, celle des 20 ans du BHDA et de la Direction Nationale du Livre (DNL), deux structures créées la même année et aujourd’hui dirigées par un seul et même directeur, Ernst St Louis.


Vingt ans après sa création, le BHDA peine toujours à trouver son envol. Pour un pays riche en talents et en créativité, seulement 3 105 œuvres ont été enregistrées à ce jour.

Selon Ralph Jean Baptiste, directeur de communication du BHDA, cette situation n’est pas nouvelle et reflète un conservatisme institutionnel comparable à celui de structures comme l’ULCC ou l’UCREF, qui ont également mis du temps à s’imposer dans le paysage administratif haïtien.


Un enjeu économique et de perception

Pour Blenda Malande, assistante à la direction de communication, le principal frein reste l’intérêt économique. Elle explique que, malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation menées à travers le pays, les créateurs demeurent réticents à enregistrer leurs œuvres. « Beaucoup connaissent le BHDA, mais la perception demeure un obstacle. Ils ne tirent que peu de bénéfices de leurs créations, souvent exploitées sans autorisation », déplore-t-elle.


Mme Malande souligne que l’institution ne peut intervenir en cas de piratage que si l’œuvre est préalablement enregistrée au BHDA. Face à ces limites, plusieurs artistes haïtiens choisissent de s’inscrire auprès de sociétés internationales telles que BMI aux États-Unis ou la SACEM en France, qui protègent efficacement les droits d’auteur de millions de créateurs à travers le monde.


Ralph Jean Baptiste rappelle que le BHDA est la seule institution en Haïti chargée de la gestion des droits d’auteur. Toutefois, son efficacité dépend d’un État fort et d’un système judiciaire fonctionnel, deux éléments actuellement déficients. « Le manque de confiance dans la justice et l’absence de sanctions freinent le travail du BHDA », souligne-t-il. Il ajoute que la question du droit d’auteur n’est pas perçue comme une priorité par le ministère de la Culture.


La tentative avortée du projet LEXA

Le BHDA avait autrefois collaboré avec la firme LEXA pour assurer le monitoring des œuvres musicales diffusées dans les médias. Ce partenariat devait permettre de facturer les médias en fonction du nombre de diffusions, puis de redistribuer les redevances entre LEXA, le BHDA et les créateurs enregistrés. Mais le projet a échoué, faute de suivi et de moyens financiers du côté des médias. Même les associations de Médias n’ont jamais répondu aux invitations.


Selon le BHDA, la plupart des créateurs ne s’inscrivent au bureau que lorsqu’ils doivent présenter un certificat de création à l’étranger. Pourtant, l’institution multiplie les initiatives pour marquer son 20ᵉ anniversaire : portes ouvertes, conférences, projections et débats tout au long du mois d’octobre. Malgré ces efforts, le BHDA reste à la croisée des chemins.


Dans un monde où l’intelligence artificielle redéfinit déjà les frontières de la création, la protection des œuvres haïtiennes devient plus urgente que jamais.


Eddy Trofort

Journaliste

 
 
 

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