La DNL et le BHDA ont célébré leurs 20 ans d’existence : Expositions, conférences, gala... rien n’a manqué à la fête
- etrof16
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Ballons multicolores, planches affichant des vers du poète centenaire René Depestre, livres exposés un peu partout à l’entrée de la Direction Nationale du Livre (DNL) sur la route de Bourdon, service d’accueil et tables garnies pour la restauration gratuite des visiteurs : le décor était planté pour la réussite de la célébration commune de deux institutions au destin lié, dirigées par Ernst Saint Louis.
Artistes, journalistes, musiciens, étudiants et élèves ont défilé sur la cour de la DNL pour participer à cette magnifique fête dédiée à la littérature et à l’art. L’écrivain Marc Exavier y animait un atelier littéraire autour des œuvres de René Depestre, à l’intention d’élèves venus de plusieurs établissements scolaires de la capitale.
« On lit très peu les œuvres de René Depestre en Haïti, alors que dans certains pays africains, ses livres sont devenus une véritable dévotion quotidienne », a fait remarquer Marc Exavier.
L’ancien directeur général de la Radio Nationale d’Haïti a profité de l’occasion pour encourager les jeunes à lire, soulignant que : « Ceux qui ne lisent pas de livres sont ceux qui n’ont pas de monde ».
Me Maxène Dorcéan, responsable juridique du BHDA, a souligné que les activités de l’institution s’inscrivent dans une série d’initiatives visant à promouvoir les messages que l’organisme, chargé de la protection des créateurs, souhaite diffuser. « La DNL et le BHDA entendent marcher main dans la main afin de renforcer la lutte contre le piratage des œuvres en Haïti », a-t-il déclaré.
Il a également mis en garde ceux qui exploitent les créations artistiques : « Que ceux qui utilisent les œuvres s’assurent de le faire conformément à la loi », a rappelé Me Dorcéan.
Enfin, l’homme de loi a encouragé les créateurs à enregistrer leurs œuvres auprès du BHDA afin de bénéficier d’une protection optimale.
Selon lui, les problèmes du pays sont en grande partie liés à un manque de connaissance de soi, conséquence directe du fait que de nombreux dirigeants ne lisent plus les écrivains haïtiens. Cette célébration a ainsi permis de remettre à l’honneur René Depestre, né en août 1924, qui fêtera ses 102 ans en 2026.
À l’occasion de cet anniversaire, un espace spécial a été aménagé pour permettre aux créateurs d’enregistrer gratuitement leurs œuvres auprès du Bureau Haïtien du Droit d’Auteur (BHDA). Les activités ne se sont pas limitées aux expositions et conférences : dans l’après-midi, les employés des deux institutions ont participé à une fête conviviale, et la journée s’est clôturée par un gala en l’honneur d’invités spéciaux du monde de la culture.
Ce coup de projecteur sur la DNL et le BHDA vient raviver un secteur littéraire en difficulté depuis plusieurs années. Le BHDA a parfois eu du mal à attirer les créateurs, tandis que la DNL a peiné à s’imposer dans le paysage culturel haïtien.
Cependant, plusieurs employés ont rappelé que le passage de l’ancien ministre de la Culture, Jean Emmanuel Jacquet, à la tête de la DNL, avait contribué à redynamiser les Centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) dans plusieurs villes de province, offrant ainsi à de nombreux jeunes la possibilité de découvrir les auteurs haïtiens.
La journée de célébration s’est achevée en beauté par une soirée de gala élégante, à laquelle ont pris part plusieurs personnalités éminentes du monde de la culture, parmi elles le ministre Patrick Delatour, l’ancien ministre de la Culture Pierre Raymond Dumas et le Directeur général du Théâtre National Yves Pénel.
L’événement, empreint de convivialité et de fierté nationale, a réuni écrivains, musiciens, plasticiens, danseurs et acteurs autour d’un même idéal : mettre en valeur la richesse de la culture haïtienne et rendre un hommage mérité à René Depestre, encore vivant et âgé de 101 ans. Toutefois, le Directeur de la DNL et du BHDA Ernst Saint Louis a fait observer une minute de recueillement en mémoire d’une autre figure de la culture Michel Philippe Lerebours décédé au cours du week-end.
La soirée s’est poursuivie avec une manifestation artistique vibrante, où plusieurs troupes de danse traditionnelle ont fait revivre les rythmes et symboles qui forment l’âme du pays. Au son des tambours, les danseurs ont interprété des chorégraphies inspirées du rara, du yanvalou et du petwo, expressions vivantes du patrimoine spirituel et musical d’Haïti.
Ces prestations, mêlant chants créoles, tambours et costumes colorés, ont rappelé la profondeur de la culture haïtienne, une culture forgée dans la résistance, la foi et la créativité. De la poésie de René Depestre la DNL et le BHDA pour leurs 20 ans ont su transformer l’inquiétude et la douleur provoquées par l’ouragan Melissa en beauté à travers l’histoire de la Littérature haïtienne, l’âme de cette terre éternisée par la plume de l’auteur d’Hadriana dans tous mes rêves.
Eddy Trofort
Journaliste.















