Haïti-Politique : Quand l'histoire donne raison à René Préval, le cas typique de Fritz Jean et d'Alix Didier Fils-Aimé
- etrof16
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La crise institutionnelle opposant aujourd’hui Fritz Alphonse Jean au Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé offre un écho frappant aux mises en garde formulées par l’ancien président René Préval il y a près de vingt ans. Le blocage actuel au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) démontre une fois de plus que, dans les moments décisifs, les règles du jeu politique en Haïti se heurtent non seulement aux limites de la Constitution, mais aussi et surtout aux pressions de la communauté internationale.
Le CPT dispose en théorie de la prérogative de superviser l’action gouvernementale. Pourtant, l’idée même de limoger le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé se heurte aux diktats de Washington et d’Ottawa. Plusieurs conseillers-présidents l’admettent à demi-mot : la Constitution n’est pas l’obstacle principal, ce sont les « partenaires internationaux » qui verrouillent toute décision.
Ce blocage rappelle une vérité dérangeante : la souveraineté haïtienne demeure fragile, souvent suspendue aux décisions de puissances étrangères.Cette situation fait étrangement écho à l’épisode de 2007, lorsque René Préval souhaitait révoquer son Premier ministre Jacques Édouard Alexis mais se heurtait lui aussi à un vide constitutionnel et à une pression politique extérieure.
Le 17 octobre 2007, lors d’un discours au Palais national à l’occasion du 201e anniversaire de l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, René Préval avait déclaré sans détour que la Constitution de 1987 était une grande source d’instabilité pour l’avenir du pays.
Selon lui, cette loi fondamentale, pensée pour empêcher le retour de la dictature, était devenue un frein à la stabilisation démocratique.
Préval citait alors plusieurs anomalies relevées par une commission d’experts, dont la plus révélatrice : Le président nomme le Premier ministre, mais ne peut en aucun cas le révoquer.Une situation qui crée un déséquilibre institutionnel permanent et empêche toute gouvernance fluide. Aujourd’hui encore, ce même verrou constitutionnel renforcé par les pressions diplomatiques paralyse les institutions de transition.
Dans ce discours de 2007, René Préval appelait à une réforme profonde de la Constitution, incluant :
La création d’un groupe d’experts haïtiens et étrangers pour proposer des amendements adaptés ; La tenue d’élections générales tous les cinq ans afin de réduire les tensions politiques et les coûts financiers ; La diminution de la dépendance d’Haïti à l’aide et à la sécurité internationale.
Préval insistait sur le fait que son initiative n’était pas motivée par un désir de prolonger son mandat, mais par la nécessité d’assurer la stabilité politique du pays.Pour l’ancien chef de l’État, l’instabilité actuelle prend racine dans l’histoire haïtienne, depuis l’assassinat de Dessalines au Pont Rouge en 1806, événement fondateur d’un cycle de divisions et de crises successives. Cette instabilité n’a jamais permis au pays de se construire durablement.
À la lumière de la crise actuelle entre Fritz Jean et Alix Didier Fils-Aimé, les propos de René Préval prennent une résonance particulière. L’incapacité du CPT à exercer pleinement ses prérogatives, sous la pression internationale, illustre exactement ce que l’ancien président dénonçait : une Constitution imparfaite, un système politique vulnérable et une souveraineté constamment limitée. Aujourd’hui plus que jamais, l’histoire semble donner raison à René Préval.
YPL-HPN















