top of page

Haïti : la plus grande centrale électrique à l’arrêt, symbole d’un État qui s’effondre à petit feu




Depuis le début de la semaine, plusieurs régions d’Haïti, dont la capitale Port-au-Prince, sont plongées dans le noir. La cause : la production de la plus grande centrale électrique du pays, située à Péligre (commune de Mirebalais, dans le département du Centre), est réduite à zéro depuis le 13 mai. L’Électricité d’Haïti (EDH) en a fait l’annonce dans une note publiée le 15 mai 2025.


Selon l’EDH, cet arrêt est dû à un « acte d’invasion » perpétré contre la centrale hydroélectrique de Péligre. L’institution dit déplorer que cet acte de sabotage survienne alors qu’aucune revendication claire n’émane des acteurs locaux. Elle appelle les autorités compétentes à faire la lumière sur cet incident et à renforcer la sécurité autour de l’infrastructure.


Mais selon plusieurs sources à Mirebalais, l’arrêt de la centrale résulterait d’un mouvement de protestation de la population locale. Depuis la chute de la ville entre les mains de groupes armés le 30 mars dernier, la frustration monte face à l’inaction des autorités. Aucune intervention significative n’aurait été menée pour sécuriser la ville ou apporter des renforts. Ce sentiment d’abandon aurait poussé des habitants à bloquer la centrale, considérée comme un levier de pression pour se faire entendre.


Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où une grande partie de l’électricité dépend de Péligre, les conséquences sont immédiates. Dans des bars, des églises, des banques de loterie, dans des salles de pari sportif ou d'autres commerces disposant de sources alternatives d’énergie les espaces sont désormais bondés de monde. Les habitants s’y rendent pour recharger leurs téléphones ou autres appareils. D’autres, moins chanceux, doivent payer pour recharger leurs appareils.


Bien que certains foyers soient équipés de génératrices ou de panneaux solaires, une double crise énergétique se profile : le carburant devient rare, depuis l'annonce de l'ensemble des responsables du secteur pétrolier et énergétique sur le risque de l'effondrement du secteur qui fait face à des menaces dans les circuits de chargement- transport- distribution désormais contrôlés par les gangs, et le soleil, indispensable aux installations solaires, se fait timide à cause d’une onde tropicale qui traverse la région, provoquant pluies et nuages sur Port-au-Prince pendant la journée surtout le vendredi 16 mai.


Les commerçants, particulièrement ceux qui dépendent de la chaîne du froid pour conserver leurs produits, tirent la sonnette d’alarme. À Delmas comme à Pétion-Ville, de nombreux marchands voient leur stock menacé de perte. Beaucoup s’étaient abonnés à l’EDH dans l’espoir d’une fourniture stable. Le black-out les pousse à bout.


Et pendant que le pays s’enfonce un peu plus dans l’obscurité, le gouvernement central, lui, prépare les festivités de la fête du Drapeau. Une enveloppe de près de 400 millions de gourdes est mobilisée pour une célébration délocalisée du site historique de l’Arcahaie vers Cap-Haïtien, dans le Nord. Le Premier ministre s’y est déjà rendu, entamant une tournée ponctuée de dialogues autour de sujets dits cruciaux.


Mais dans le Centre, les questions restent entières. Quand la centrale hydroélectrique de Péligre sera-t-elle remise en marche ? Quand les plus de 51 000 déplacés de Mirebalais et de Saut-d’Eau pourront-ils rentrer chez eux ? L’État central entendra-t-il enfin les appels à la paix lancés depuis la cité de Benoît Battraville ?


Le temps passe, les Mirebalaisiens souffrent. Et le noir, lui, règne en maître sur une bonne partie du pays.



Wideberlin Senexant

ONA.jpg
brh_ad.jpg
votre_publicite.jpg
kredi-ener.jpg
hpn_full_logo.png
bottom of page