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Haïti : crise politique, le dilemme du 7 février 2026


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À quatre mois de l’échéance symbolique du 7 février 2026, date censée marquer la fin de la transition politique, le Conseil présidentiel de transition (CPT) semble pris dans un tourbillon d’incertitudes et de contradictions.


La récente déclaration du Chargé d’affaires américain, Henri Wooster, rappelant l’importance du respect des engagements pris dans l’Accord du 3 avril 2024, a laissé un goût amer au sein du Conseil. « Est-ce vraiment nécessaire de nous rappeler à l’ordre ? » murmurent certains conseillers, visiblement agacés par ce qu’ils perçoivent comme une ingérence diplomatique.


Pourtant, la réalité est implacable : aucun point essentiel de l’accord du 3 avril n’a été respecté. Ni le calendrier électoral, ni la réforme de la sécurité, ni la relance économique promise. Ce qui devait être une période de redressement national s’est transformé en un cycle d’immobilisme et d’opacité.


Les Conseillers-Présidents, plutôt que de restaurer la confiance, ont semblé profiter du temps pour se refaire une santé politique — voire économique — pendant que la nation s’enfonce dans le chaos.


Sur le terrain, le constat est alarmant :Plus d’un million de déplacés internes fuyant les zones contrôlées par les gangs ; Des territoires entiers perdus par l’État ; Des institutions publiques en délabrement avancé; Des ministres et des directeurs généraux éclaboussés par des scandales de corruption; Et un appareil administratif paralysé par le clientélisme et la peur.


Face à ce tableau sombre, la classe politique s’enlise dans les querelles d’influence, tandis que la population, épuisée, oscille entre résignation et colère. Le CPT, censé ramener la stabilité, donne aujourd’hui l’impression d’un équipage sans boussole, incapable de répondre à l’urgence nationale.


Mais à mesure que s’approche la date du 7 février 2026, une autre lecture du cadre constitutionnel refait surface. Plusieurs juristes et personnalités politiques, parmi eux Camille Leblanc, Caleb Jean-Baptiste, Samuel Madistin et Rony Modestin, estiment que le Conseil présidentiel n’a aucune base légale pour poursuivre sa mission au-delà du délai moralement et politiquement imparti.


Selon eux, la Constitution de 1987, notamment dans ses articles 149 et suivants, indique clairement que le pouvoir exécutif, en cas de vacance, doit être remis au président de la Cour de cassation ou, à son défaut, au juge le plus ancien et le plus qualifié.


Ces personnalités appellent donc à un retour à la légalité constitutionnelle et rejettent la logique d’un pouvoir transitoire autoproclamé, estimant que seule une application stricte de la Loi mère peut éviter au pays une crise institutionnelle plus profonde.


Dans leur vision, le gouvernement démissionnaire doit remettre le pouvoir conformément à la Constitution, afin d’éviter que la transition ne se transforme en un piège sans fin.


Politique, parce que le Conseil présidentiel a perdu la confiance de l’opinion publique et l’appui d’une partie de ses alliés internationaux ; Constitutionnel, parce que la voie à suivre pour la succession du pouvoir reste floue, disputée entre légitimité politique et légalité juridique.


Entre un Conseil contesté, un peuple à bout de souffle et une communauté internationale impatiente, Haïti avance vers une date charnière où tout pourrait basculer.


Le pays a besoin d’un cap clair, d’un leadership intègre et d’une boussole nstitutionnelle pour éviter une nouvelle dérive. Car le temps de la transition ne peut éternellement servir de refuge à l’irresponsabilité.


Le 7 février 2026 ne sera pas une simple date de calendrier. Ce sera un test de maturité politique, un moment de vérité pour une élite appelée à choisir entre le respect de la Constitution et la perpétuation de l’exception.


Haïti ne peut plus se contenter d’accords politiques sans lendemain ni de gouvernements sans mandat populaire. Le peuple réclame des institutions fortes, des dirigeants responsables et un horizon électoral crédible.


Autrement, le pays s’enfoncera davantage dans un vide politique où la légitimité sera confisquée par la force et la peur.


L’histoire retiendra que cette transition, née d’un consensus fragile, aura eu sa chance. Mais elle retiendra aussi que ceux qui ont juré de servir la nation ont failli à leur mission première : rétablir l’ordre, la sécurité et l’espérance.


Le compte à rebours du 7 février 2026 a commencé. Et, cette fois, il ne suffira plus de promettre : il faudra agir, ou partir.


YPL-HPN

 
 
 

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