Haïti - Justice: (3 avril 2000-3 avril 2025) Jean Dominique : 25 ans d'impunité, un crime sans justice
- Marvens Pierre
- 2 avr.
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Vingt-cinq ans après l'assassinat du journaliste Jean L. Dominique et de son gardien Jean-Claude Louissaint, la justice haïtienne demeure silencieuse, incapable d'apporter une réponse judiciaire à l'un des crimes les plus emblématiques contre la presse en Haïti. L'organisation SOS Journalistes dénonce ce qu'elle qualifie de "déni de justice inacceptable" et appelle à une action immédiate des autorités.
Une justice enlisée dans l'impasse judiciaire
Depuis le 3 avril 2000, l'enquête sur l'assassinat de Jean Dominique piétine. Transmis à la Cour de Cassation, le dossier est bloqué depuis plus de dix ans. Le commissaire du gouvernement près cette instance n'a pris aucune initiative pour accélérer le traitement de l'affaire, alimentant les soupçons de complicité et d'entraves volontaires à la justice.
Le rapport du juge instructeur Yvickel Dabrézil, déposé à la Cour d'Appel le 17 janvier 2014, avait pourtant permis d'inculper plusieurs personnalités. Mais un recours introduit par l'ex-sénatrice Mirelande Libérus-Pavert a entraîné un nouveau blocage. L'ancienne parlementaire, proche du parti Fanmi Lavalas de Jean-Bertrand Aristide, a multiplié les recours, retardant indéfiniment le jugement.
Des témoins réduits au silence
L'affaire Jean Dominique est entachée d'intimidations et d'exécutions de témoins clés. Oriel Jean, ancien chef de sécurité de Jean-Bertrand Aristide, avait publiquement désigné son ancien patron comme commanditaire du meurtre avant d'être lui-même assassiné le 2 mars 2015. D'autres témoins ont été tués ou ont dû s'exiler face aux menaces.
Le secrétaire général de SOS Journalistes, Joseph Guyler C. Delva, affirme avoir reçu de multiples menaces de mort en raison de son engagement dans cette affaire. Contraint à l'exil à plusieurs reprises, il continue de plaider pour que justice soit rendue.
Un appel à l'action
Face à l'inaction des autorités, SOS Journalistes annonce son intention de "franchir d'autres étapes" à partir du 3 avril 2025 afin de responsabiliser le gouvernement et la justice haïtienne. L'organisation dénonce la protection accordée à des personnalités politiques influentes et appelle la communauté internationale à faire pression sur Haïti pour que l'affaire Jean Dominique soit enfin jugée.
Alors que le temps passe, l'impunité persiste. Et comme le rappelait souvent Jean Dominique : "Les assassins sont dans la ville !"
Joseph Guyler C. DELVA
Secrétaire général
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