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Crise migratoire en République dominicaine : les femmes haïtiennes prises au piège de la répression





Dans le quartier populaire de Friusa, à Punta Cana, la peur est devenue un quotidien pour des milliers de migrants haïtiens. Depuis l’intensification des mesures migratoires annoncées le 6 avril dernier par le président dominicain Luis Abinader, les opérations de contrôle se sont multipliées, plongeant la communauté haïtienne dans un climat de terreur.


Parmi les témoignages les plus glaçants recueillis par le quotidien espagnol El País, celui de Ruth, une mère haïtienne, révèle une réalité troublante : les violences sexuelles exercées par des agents de l’immigration sont utilisées comme une arme pour dissuader les expulsions. « Vous savez déjà ce qu’ils vont vous faire », confie-t-elle, expliquant comment elle se cache avec ses enfants dès qu’elle entend arriver les véhicules officiels. Ces abus sont devenus, pour certaines, le dernier recours pour éviter un retour forcé en Haïti, pays qu’elles ont fui pour échapper à l’insécurité et à la misère.


Depuis le lancement du Plan de régularisation et de lutte contre la migration illégale, les autorités dominicaines ont renforcé leur présence dans les zones à forte concentration de migrants comme Friusa et Mata Mosquito. Plus de 500 arrestations ont été enregistrées en avril, souvent accompagnées d’expulsions menées sans respect des procédures légales, selon plusieurs ONG.


Les conséquences sociales de cette politique sont profondes. Dans les écoles locales, les enseignants notent une baisse inquiétante du nombre d’élèves haïtiens, conséquence directe de la peur des rafles. Cet abandon scolaire massif menace gravement l’avenir d’une génération entière. Sur le plan économique, les expulsions désorganisent les secteurs clé de l’économie dominicaine, notamment la construction, l’agriculture et le tourisme, largement portés par la main-d'œuvre haïtienne.


Des organisations de défense des droits humains dénoncent une dérive autoritaire. Elles parlent de « nettoyage ethnique » et de « ségrégation raciale », alertant sur les conditions de vie inhumaines imposées à ces travailleurs pourtant indispensables. Amnesty International et les Nations Unies ont appelé le gouvernement dominicain à cesser les expulsions collectives et à respecter les normes internationales en matière de droits humains.


Les chiffres sont révélateurs de l’ampleur du phénomène. D’après la Direction générale des migrations (DGM), 56 120 Haïtiens ont été expulsés depuis le début de l’année 2025, tandis que 62 883 ont été rapatriés. Le mois d’avril à lui seul a comptabilisé 32 540 retours, soit le chiffre mensuel le plus élevé depuis janvier.


Face à ces violations flagrantes des droits humains, les appels à une réponse internationale coordonnée se multiplient. La situation à Friusa, et plus largement en République dominicaine, interpelle la conscience régionale et mondiale sur la nécessité urgente de protéger les populations migrantes contre les abus et les violences.


Mederson Alcindor

Haiti Press Network (HPN)

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