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Haïti : la Direction de l’Immigration et l’Émigration baigne dans des scandales de corruption



L’ULCC a frappé fort ce 8 mai 2025 en publiant six rapports d’enquête, dont trois accablants pour la Direction de l’Immigration et de l’Émigration (DIE). Détournement massif, comptes clandestins, per diem illégaux : les révélations jettent une lumière crue sur une institution rongée par les pratiques mafieuses.


La gestion opaque de Jean Osselin Lambert (janvier - décembre 2023)


Sous la direction par intérim de Jean Osselin Lambert, l’ULCC révèle un excédent illégal de 72,5 millions de gourdes collecté par plusieurs centres, dont Tabarre, Pétion-Ville et Delmas. Des montants allant jusqu’à 2 500 gourdes ont été perçus pour des services sans base légale, en violation de la circulaire ministérielle du 27 juillet 2022, elle-même jugée illégale par l’ULCC.


Le centre de Pétion-Ville à lui seul a généré 32,3 millions de gourdes, contre 22,9 millions pour Delmas. Tabarre, quant à lui, a facturé le double du tarif autorisé pour les cas urgents. Les gestionnaires – William Étienne, Jude Marcelin, Marriantha Méroné et René Jacques Laguerre – sont poursuivis pour concussion. Ces fonds ont été utilisés sans supervision de la DGI, pour payer du personnel et acheter du carburant, sans aucune justification comptable dans plus de 75 % des cas. L’ULCC pointe aussi l’ancien ministre de l’Intérieur, Liszt Quitel, pour excès de pouvoir.


Stéphane Vincent : des passeports sans traces fiscales (septembre - novembre 2024)


L’ULCC vise également la période entre septembre et novembre 2024, sous la direction de Stéphane Vincent. Il aurait mis en place, avec l’aide de trois anciens cadres, un système frauduleux permettant l’émission de passeports sans paiement des timbres fiscaux. Sur 736 dossiers analysés, 556 ont été traités en dehors des procédures légales. Un compte bancaire illégal, contrôlé par Vincent, a servi à gérer ces demandes occultes, entraînant un manque à gagner estimé à 3,6 millions de gourdes. Des poursuites pour abus de fonction et détournement de biens publics sont recommandées.


À Saint-Marc : gestion sauvage et per diem illégaux


Un troisième rapport met en cause le Centre de Réception et de Livraison des Documents d’Identité (CRLDI) de Saint-Marc. Le responsable Washny Bien-Aimé et l’administrateur Castel Estilus sont accusés d’avoir géré illégalement les recettes du centre via un compte bancaire conjoint hors cadre légal.


Bien-Aimé a également versé des fonds publics à des sociétés privées sans pouvoir identifier les bénéficiaires. Il a reconnu s’attribuer des per diem journaliers de 5 000 à 7 500 gourdes en plus de son salaire, une pratique illégale qualifiée d’abus de fonction et de concussion. Bien-Aimé a aussi refusé de fournir les pièces comptables demandées par l’ULCC, entravant l’enquête. Le CRLDI fonctionne sans régulation interne, ni mécanisme de plaintes, ce qui facilite la corruption.


Une même dérive, trois visages


Ces révélations dressent un tableau accablant d’un système où l’enrichissement illicite, l’absence de transparence et la complicité passive de certains ministères ont permis à la corruption de prospérer.


L’ULCC recommande des poursuites judiciaires, des audits complets et des réformes structurelles, notamment la réintégration de la DGI dans le circuit de perception et l’authentification systématique des timbres fiscaux.


La balle est désormais dans le camp des responsables de poursuites chargés de traduire ces graves manquements devant la justice.


Wideberlin SENEXANT /HPN

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