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Du « shithole » au complètement « cons »…, Haïti et ses dirigeants dans la tête des puissants




Il y a cinq (5) ans, soit le 10 janvier 2018, lors d’une réunion avec un groupe bipartite de sénateurs, l’ancien Président des Etats-Unis qui s’apprête à faire son comeback à la Maison-Blanche le 20 janvier 2025, Donald Trump, qualifiait Haïti de Shithole country (pays de merde). Comme si la triste étiquette trumpiste ne suffisait pas, un autre président, d’un pays classé parmi les plus puissants de la planète, Emmanuel Macron, Chef de l’Etat français, a dit récemment des dirigeants haïtiens, de la bande à Leslie Voltaire notamment, des « Cons » au superlatif absolu. Des complètement cons ! A l’évidence, les Etats-Unis et la France sont sans pitié quand il s’agit d’opiner sur Haïti et ses dirigeants. 


Des dégueulis verbaux qui sonnent comme des vérités pour certains, mais qui, pour d’autres, relèvent purement et simplement du racisme, de la xénophobie et de la haine contre un pays auquel l’Occident ne pardonne toujours pas d’avoir bouleversé au IXème siècle l’ordre colonialiste et esclavagiste du monde. Des complètement « Cons » qui président aux destinées d’un pays de merde. Voilà une image hautement caricaturale qui ne suscite qu’indignation et haut-le-cœur.


Dans leur inélégance politico-diplomatique, les deux Chefs d’Etat n’ont fait que dire à voix haute ce que d’autres dirigeants d’autres pays, les puissants pour la plupart, pensent véritablement de la première nation noire libre et indépendante, ainsi que de ses dirigeants. Ainsi donc, dans la tête des puissants de ce monde, Haïti n’est qu’un condamné à mort, puisqu’on ne peut rien attendre des cons que de la connerie, même affublés de costume de dirigeant. En gros, quand on offre la possibilité à un con de raisonner, il déraisonne. En politique comme dans le privé, en Haïti et dans d’autres pays, les exemples passés et récents abondent.


Qu’est-ce que l’Haïti d’aujourd’hui au regard des faits ? C’est un pays où le monopole de la violence qui donne à l’Etat son sens et son essence a changé de camp depuis bien longtemps. Un pays où la barbarie est souvent mise au service de la survie, où la corruption fait autorité et s’en fout de l’Autorité, où l’insécurité morale fait autant de mal sur les esprits que l’insécurité alimentaire en fait sur la santé physique et mentale. Haïti, dans sa face naturelle et têtue, est aussi celle mise en chanson par l’artiste-défunt Mikaben. Mais, c’est aussi une victime des catastrophes anthropiques, des bêtises et impérities politiques, des malveillances et déloyautés économiques, des ignorances et folies sociales… 


Que l’on ne s’y méprenne pas, Haïti est la victime expiatoire de « l’affront historique » de Vertières (1803), du cri jubilatoire du 1er janvier 1804. Si Haïti et ses dirigeants sont ce que les puissants disent d’eux, les racines du mal sont à rechercher tant chez les accusés que chez les accusateurs.



GeorGes ALLEN

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