Poste de péage des groupes armés: quand la route devient un obstacle à l'alimentation dans les foyers en Haïti
- troforteddy
- 20 août
- 2 min de lecture

En Haïti, la faim ne résulte pas seulement de la pauvreté, du réchauffement climatique, ou de l’instabilité politique. Elle se cache aussi dans des réalités quotidiennes souvent invisibles. Au Sud de Port-au-Prince, les postes de péage installés sur les routes par les groupes armés sont devenus un fardeau silencieux qui alourdit la vie des producteurs, des commerçants et des familles.
Pour les cultivateurs de la Grand’Anse et du Sud, acheminer leurs récoltes vers la capitale coûte de plus en plus cher. Chaque passage au poste de péage ajoute une dépense supplémentaire aux frais de transport déjà élevés : carburant, insécurité sur la route, usure des véhicules.
Résultat : beaucoup de petits producteurs perdent une partie de leurs bénéfices. Certains préfèrent vendre leurs produits localement à bas prix, ou pire, laisser une partie de leurs récoltes se gaspiller.
Ces coûts ne disparaissent pas : ils se répercutent directement sur les prix des denrées dans les marchés de Port-au-Prince. Les bananes, fruits, légumes et tubercules venant du grand Sud deviennent plus chers pour les consommateurs. Dans une capitale où la majorité des familles vit avec moins de deux dollars par jour, chaque gourde en plus sur le prix d’un produit alimentaire compte. Beaucoup de ménages réduisent alors la quantité ou la diversité de leur alimentation, aggravant les risques de malnutrition.
Le Sud est souvent décrit comme l’un des greniers agricoles du pays. Pourtant, les postes de péages freinent la circulation des produits et limitent leur arrivée sur les grands marchés.
bien avant l'aggravation de la situation sécuritaire, les chauffeurs hésitaient déjà à prendre la route. Avec ce phénomène de postes de péages par les groupes armés, le trajet devient encore moins rentable. Cette barrière économique s’ajoute à la barrière sécuritaire, isolant encore plus les régions productrices.
Les postes de péages frappent deux catégories déjà fragiles : Les petits producteurs ruraux, qui ne peuvent pas supporter des frais supplémentaires. Les consommateurs pauvres de la capitale, qui paient leur nourriture plus cher. Pendant ce temps, les importations continuent d’inonder les marchés à des prix souvent plus compétitifs que les produits locaux, accentuant la dépendance alimentaire du pays.
Les postes de péage au Sud de Port-au-Prince imposés par les gangs armés ne constituent pas seulement un obstacle à la circulation des personnes et des marchandises. Ils aggravent sévèrement une crise alimentaire déjà dramatique.
En rendant les produits locaux plus chers et plus difficiles à écouler, ils éloignent encore un peu plus les Haïtiens du droit fondamental à une alimentation suffisante et saine.
Godson LUBRUN



















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