Le département du Centre d'Haïti étranglé par la violence: environ 31 000 déplacés recensés par l'OIM
- troforteddy
- 8 avr.
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Depuis le déferlement de la violence armée le 31 mars dernier dans deux communes d'entrée du centre d'Haïti, la population est forcée à l'exode. Selon les données de l'OIM publiées le 6 avril, plus de 31 000 habitants de Saut-d'Eau et Mirebalais ont été déplacés entre le 31 mars et le 5 avril. Ces personnes s’installent à des endroits différents pour éviter la vague de cruauté des gangs de la coalition Viv Ansanm dans le Bas Plateau Central.
Au rythme des sons de balles, inhabituels pour ces paysans, ils fuient. Leurs zones, autrefois réputées pour leurs cultures et le tourisme, deviennent des champs de bataille entre forces de l'ordre et forces de terreur de la coalition Viv Ansanm.
Selon l’OIM dans son récent bilan :
Depuis le 31 mars, les violences armées ont contraint 31 586 personnes (soit 6 324 ménages) à fuir leurs maisons dans plusieurs sections communales de Saut-d’Eau et Mirebalais. Près de 96 % des déplacés sont restés dans le département du Centre, principalement à Lascahobas (27 %), Boucan Carré (25 %), Savanette (18 %) et Hinche (11 %). La majorité (66 %) est hébergée par des proches, tandis que 34 % (10 637 personnes) vivent dans 50 sites spontanés nouvellement installés — dont 19 à Boucan Carré hébergeant à eux seuls 7 776 personnes.
Saut-d’Eau, réputée pour sa chute d'eau et sa fête patronale accueillant des pèlerins de partout, est actuellement abandonnée aux gangs. Pourtant, elle a résisté pendant des mois face aux assauts. Après de nombreux appels à l'aide de la population en renforts policiers, la commune a été laissée à elle-même face au renforcement des groupes armés.
La ville de Mirebalais, quant à elle, tente encore de résister malgré l’accroissement des effectifs de gangs. On rapporte même des cadavres en putréfaction, dégageant des odeurs nauséabondes dans la cité Benoît Batraville. Les autorités locales demandent à la police d’envoyer davantage de renforts. Toutefois, la ville se vide de ses habitants, et les forces de l’ordre, appuyées par des groupes d’autodéfense locaux, échangent des tirs quotidiennement depuis l’attaque.
Parallèlement, à Port-au-Prince, les gangs ont maintenu leurs frappes sur des zones stratégiques dont à la plaine du cul-de-sac, Kenscoff, Carrefour-Feuilles.
Un récent conseil des ministres a permis de statuer sur l’état d’urgence pour un mois. Cependant, le « budget de guerre » annoncé depuis un mois par le nouveau coordonnateur du CPT, Fritz Alphonse Jean, se fait encore attendre. Il a aussi annoncé, le 3 avril — jour anniversaire de l'accord ayant donné naissance à ce gouvernement qu’il préside — que la Brigade de surveillance des aires protégées (BSAP) collaborerait avec les forces de l’ordre nationales (la police et l’armée).
Par contre, des voix s’élèvent pour avertir des dangers liés à cette collaboration. Le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), Pierre Espérance, doute de l'efficacité de cette force, soulignant l’illégitimité de ce corps sous la tutelle du ministère de l’Environnement via l’Agence nationale des aires protégées (ANAP). Il évoque le manque de formation, l’opacité des recrutements, les rémunérations, ainsi que l’origine de leurs armements.
Alors que le gouvernement met le cap sur les élections, la sécurité demeure le principal défi. Des soulèvements réclament sa démission. Pendant ce temps, les gangs gagnent du terrain, forçant des milliers d’habitants à se déplacer ou se redéplacer. Même certaines institutions de l'État prennent la fuite, comme celles situées près des Champs de Mars. Le Palais national, lieu symbolique de l’exécutif, ne compte plus d'officiels répondant à l’appel.
Wideberlin SENEXANT
HPN



















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