Le CARDH alerte sur les failles sécuritaires et propose une refondation pour Haïti
- troforteddy
- 5 sept.
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Le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) a publié, le 2 septembre, un document issu de la Table Sectorielle sur la Sécurité (TSS). Le rapport dresse un constat sévère de la crise sécuritaire en Haïti et appelle à une réforme en profondeur de la Police Nationale d’Haïti (PNH) et des institutions de l’État, face à l’emprise croissante des gangs et aux risques qui pèsent sur la tenue des élections.
Selon le CARDH, les groupes armés contrôlent de larges portions du territoire, multipliant enlèvements et violences. Cette situation alimente la peur dans la société et provoque des déplacements massifs, fragilisant davantage l’État.
La PNH est identifiée comme le maillon faible du dispositif sécuritaire. Le centre pointe du doigt un manque d’effectifs, d’équipements modernes, mais aussi la corruption et la désorganisation. Il recommande un audit institutionnel, la création d’un centre permanent de formation et le renforcement des compétences en renseignement, gestion de crise et lutte contre la cybercriminalité.

Le CARDH souligne également la méfiance de la population à l’égard de la police, nourrie par des abus répétés. Pour restaurer la confiance, il suggère des programmes de police de proximité et l’implication des jeunes dans des initiatives communautaires et éducatives.
Le rapport critique une mauvaise utilisation des budgets alloués à la PNH et plaide pour une modernisation urgente des moyens techniques, notamment en communication, mobilité et armement adapté.
Le CARDH estime que l’insécurité constitue une menace directe pour l’organisation des scrutins. Il appelle à l’élaboration d’un plan spécifique pour sécuriser les bureaux de vote, les candidats et les institutions concernées.
Au-delà de la police, le centre pointe une gouvernance sécuritaire fragmentée, entravée par la multiplication d’acteurs sans coordination. Il recommande la création d’une instance unique de pilotage et l’installation de chambres spécialisées dans la lutte contre le crime organisé afin d’assurer un suivi judiciaire efficace.
Le respect des droits fondamentaux reste un enjeu majeur. Le CARDH propose une formation continue des policiers en droits humains et la mise en place de mécanismes indépendants de reddition de comptes. La lutte contre la corruption est considérée comme prioritaire pour restaurer la confiance de la population.
L’insécurité bloque les investissements et aggrave la crise sociale, selon le centre. Il recommande des mesures de protection économique et un renforcement du contrôle des frontières, face aux liens croissants entre gangs locaux et réseaux étrangers impliqués dans le trafic d’armes et de drogue.
Le CARDH insiste aussi sur la nécessité de protéger les journalistes, les défenseurs des droits humains et les institutions publiques, jugés essentiels à la stabilité démocratique.
En conclusion, l’organisation appelle à institutionnaliser la Table Sectorielle sur la Sécurité comme mécanisme permanent de gouvernance et de suivi des réformes. Le document a été remis au conseiller-président Frinel Joseph lors d’une cérémonie à l’hôtel Karibe.
Mederson Alcindor
Haiti Press Network (HPN)



















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