Haïti-Insécurité : Médecins Sans Frontières ferme définitivement son Centre d’Urgence de Turgeau

Face à l’aggravation continue de l’insécurité dans le centre-ville de Port-au-Prince, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé, dans un communiqué de presse rendu public ce mardi, la fermeture définitive de son Centre d’Urgence de Turgeau. Une décision douloureuse mais jugée inévitable par l’organisation humanitaire.

Cette structure sanitaire, déjà contrainte de suspendre temporairement ses activités en mars 2025 à la suite d’un grave incident de sécurité visant son personnel, ne rouvrira plus ses portes.

« Depuis plusieurs semaines, la zone environnante du centre de Port-au-Prince est devenue le théâtre de violences armées régulières. Si des activités médicales devaient être reprises dans cet hôpital, elles seraient fortement compromises par le niveau de risque pour les patients et les soignants », explique Jean-Marc Biquet, chef de mission de MSF en Haïti.

Il précise également que le bâtiment a été touché à plusieurs reprises par des balles perdues, rendant toute reprise d’activités trop dangereuse.

Le Centre d’Urgence de Turgeau, déplacé en 2021 depuis Martissant pour des raisons sécuritaires, a joué un rôle crucial dans la prise en charge médicale d’urgence des habitants de la capitale. Entre 2021 et mars 2025, plus de 100 000 patients ont reçu des soins appropriés.

Malgré plusieurs évaluations techniques et des tentatives visant à renforcer la protection balistique du site, aucune solution n’a permis de garantir la sécurité du personnel et des patients.

« MSF regrette profondément cette décision difficile, prise en dernier recours. Elle a un impact significatif sur l’accès aux soins pour une population déjà durement éprouvée par la violence, l’instabilité et la précarité », poursuit M. Biquet.

Cependant, MSF reste pleinement mobilisée pour maintenir son soutien médical à Port-au-Prince et à Carrefour, et explore activement toutes les alternatives possibles. »

Avant toute reprise d’activités médicales dans le centre-ville de Port-au-Prince ou à Carrefour, MSF attend toujours la signature d’un protocole d’accord visant à établir un couloir humanitaire sécurisé entre les deux zones. Cette mesure est jugée essentielle pour permettre aux équipes médicales de travailler dans des conditions minimales de sécurité.

L’organisation appelle toutes les parties au respect du travail humanitaire et médical, rappelant que l’action médicale doit se dérouler en toute neutralité et en dehors des violences armées.

Judelor Louis Charles