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Haïti-Bilan de l'année 2025 : Justice et Droits de l'Homme en Haïti, entre crise profonde et timides réformes

  • etrof16
  • il y a 22 heures
  • 3 min de lecture

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La question judiciaire reste une énorme préoccupation pour le pays. Le Ministère de la de la justice et de la sécurité publique n'a pas pû apporter les réponses attendues ni au niveau de la Réforme judiciaire, en dépit des efforts réalisés pour reloger les tribunaux, ni au niveau sécuritaire pour faciliter l'organisation des élections. L'année 2025 est restée au niveau droits humains la plus catastrophique avec des déplacements en interne qui ont atteint 1.5 million de personnes. Retour sur les moments forts sur les faits judiciaires et sécuritaires pour l'Année 2025.



Par Godson Lubrun



L'année 2025 a confirmé et approfondi la crise paralysant le système judiciaire haïtien et les droits fondamentaux de sa population. Dans un contexte sécuritaire catastrophique, la justice est apparue à la fois comme une victime collatérale des violences et comme un enjeu crucial, mais inabouti, des efforts de réforme de l'État.

 

La situation humanitaire et sécuritaire a continué de se dégrader, avec des conséquences directes sur l'exercice des droits les plus élémentaires. Déplacement massif de la population interne et Le nombre de Déplacées Internes (PDI) a dépassé le 1,5 million, chassées de leurs foyers dans l'Ouest, le Centre et l'Artibonite par la violence extrême des gangs.

 

Des rapports d'organisations de défense des droits humains ont documenté tout au long de l'année une litanie d'abus : incendies de maisons, viols collectifs, assassinats ciblés de civils et de membres des forces de l'ordre. L'impunité pour ces crimes est restée la norme.  Face à l'ampleur de la terreur, la communauté internationale a durci son approche.

 

Les États-Unis ont officiellement désigné les coalitions « Viv Ansanm » et « Gran Grif » comme organisations terroristes, imposant des interdictions de voyage et le gel des avoirs. Le Conseil de Sécurité de l'ONU a transformé la mission internationale en Force de Répression des Gangs (FRG), avec un mandat offensif et un objectif de 10 000 personnels. Toutefois, son déploiement opérationnel complet est reporté à 2026.

 

Le secteur de la justice a lutté pour fonctionner, miné par des problèmes structurels, un manque de moyens et l'insécurité.

 

Grèves et Arrêts de Travail : Le fonctionnement a été régulièrement paralysé par des mouvements sociaux. L'année s'est close sur une grève illimitée des magistrats du siège (COMADH), réclamant une égalité de traitement avec les magistrats du parquet, bloquant de fait l'activité de nombreux tribunaux.

 

Infrastructures et Accès à la Justice : L'État a tenté de désengorger certains tribunaux en créant de nouvelles juridictions à Belladère, Arcahaie, Ouanaminthe et Limbé. Malgré cela, des tribunaux historiques de Port-au-Prince (sections Est, Nord, Sud) sont restés inopérationnels. Le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, relocalisé à Delmas 75, peine à fonctionner par manque d'espace adapté.


La surpopulation carcérale est restée endémique. L'année a été marquée par la gestion des conséquences des massives évasions de 2024, forçant à utiliser des commissariats (comme celui de Delmas) et le centre pour mineurs (CERMICOL) pour détenir des prévenus adultes. Les assises criminelles (procès avec jury) n'ont toujours pas repris.

 

Réformes ambitieuses sur le papier, aucune application


L'année a vu la mise en chantier de réformes structurelles importantes, dont la concrétisation sur le terrain reste à prouver. Deux décrets ont établi des pôles spécialisés pour traiter les violences sexuelles et basées sur le genre d'une part, et les crimes financiers d'autre part. Une avancée législative majeure, mais ces structures n'étaient toujours pas opérationnelles fin 2025.

 

L'entrée en vigueur très attendue du nouveau Code Pénal et de Procédure Pénale, prévue pour le 24 décembre 2025, a été reportée sine die, laissant le système dans l'expectative et avec un cadre légal obsolète. L'adoption d'un Décret polémique organisant la Haute Cour de Justice a provoqué une vive controverse. Critiqué par de nombreux juristes, il est perçu comme une manœuvre pour garantir l'impunité des hauts responsables actuels en les soustrayant aux tribunaux ordinaires, suscitant un débat brûlant sur la reddition des comptes.

 

Un budget spécial de guerre a été adopté pour renforcer les moyens des forces de sécurité. Parallèlement, la Police Nationale a connu deux Directeurs Généraux (Rameau Normil puis Vladimir Paraison) sans parvenir à inverser durablement la dynamique de l'insécurité ou à rouvrir les routes nationales bloquées.

 

Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a poursuivi le lent processus de certification des magistrats, étape clé pour une justice plus professionnelle, tout en autorisant des recours pour ceux écartés.

 

2025 restera comme une année de contrastes pour la justice haïtienne. D'un côté, une aggravation tangible de la souffrance des citoyens et une paralysie quotidienne des tribunaux. De l'autre, une volonté affichée de réforme avec des projets structurants (pôles spécialisés, nouveau code) et un engagement international renforcé.


Le fossé entre les textes adoptés et la réalité vécue par les justiciables demeure abyssal. L'enjeu pour 2026 sera colossal : passer de l'état d'urgence permanent à la mise en œuvre effective de ces réformes dans un État qui peine toujours à assurer la sécurité de base et le fonctionnement minimal de ses institutions.

 

Godson LUBRUN

 

 
 
 
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