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Réflexion sur les relations haïtiano-dominicaines : vers une coopération fructueuse pour l’île





Contexte historique et dynamiques actuelles


Les relations entre Haïti et la République dominicaine sont façonnées par une histoire complexe, mêlant interdépendance et tensions politiques, sociales et économiques. Ces deux nations, partageant l’île d’Hispaniola, ont connu des trajectoires divergentes qui ont forgé des identités distinctes. Malgré des coopérations parfois fragiles, des conflits récurrents surviennent, comme celui de septembre 2023 lié à la construction d’un canal sur la rivière Massacre, réactivant des tensions de longue date. Ce contexte soulève d’importantes questions sur la gestion des ressources partagées, les politiques migratoires et l'importance d'un dialogue structuré entre les gouvernements.


Contexte historique : une histoire de conflits et de divergences


L’histoire entre Haïti et la République dominicaine est marquée par des occupations, résistances et conflits, notamment en lien avec la quête d’indépendance.


Colonisation et indépendance : Haïti a proclamé son indépendance en 1804, devenant la première nation noire libre après la révolution contre la France. En revanche, la partie orientale de l’île, aujourd'hui la République dominicaine, a été colonisée par l’Espagne. Entre 1822 et 1844, Haïti a occupé cette partie, laissant une empreinte encore perçue négativement en République dominicaine. Cette période est souvent vue comme un symbole d’aliénation culturelle, alimentant encore les tensions actuelles.


Indépendance dominicaine : La République dominicaine a obtenu son indépendance en 1844, et depuis, la frontière entre les deux pays a été le théâtre de nombreux conflits, renforçant la méfiance et la rivalité entre les deux nations.


Tensions ethniques et culturelles : un fossé identitaire


Les différences culturelles et ethniques constituent un des aspects les plus complexes de cette relation.


Identités nationales divergentes : Haïti revendique une identité créole, influencée par l’Afrique et le monde francophone, tandis que la République dominicaine se définit par son héritage hispanique et catholique. Ces divergences identitaires ont alimenté les stéréotypes et la xénophobie, exacerbant les tensions bilatérales. Pour les Dominicains, l'occupation haïtienne reste un traumatisme nationaliste, souvent accompagné d'une xénophobie marquée envers les Haïtiens.


Racisme et xénophobie : La dimension raciale est cruciale dans ces relations. En République dominicaine, la population haïtienne, majoritairement noire, fait face à une marginalisation systématique, exacerbée par des politiques migratoires restrictives et des expulsions. Ce climat de xénophobie constitue un obstacle à une coopération harmonieuse.


Face à ces défis, la coopération bilatérale semble être la seule solution viable pour favoriser une coexistence pacifique et productive.


Les défis de la coopération


Immigration : Perçue comme une menace en République dominicaine, l'immigration haïtienne est une réalité socio-économique incontournable pour Haïti, dont les travailleurs migrants envoient des fonds essentiels à leurs familles. Toutefois, la régularisation des migrants haïtiens reste un défi majeur, nécessitant des accords bilatéraux plus robustes.


Commerce transfrontalier : Le commerce informel entre les deux nations est vital mais souffre de contrebande et de manque de régulation. La formalisation de ces échanges et le renforcement des infrastructures transfrontalières sont des priorités pour maximiser les bénéfices économiques.


Ressources naturelles : La gestion des ressources partagées, telles que l’eau de la rivière Massacre, est source de tensions. Une gestion concertée de ces ressources pourrait cependant devenir un levier de coopération, avec la création de comités binationaux pour une exploitation durable.


Propositions pour une coopération fructueuse


1. Dialogue diplomatique renforcé : Un dialogue régulier entre les gouvernements, structuré autour de comités techniques, serait essentiel pour résoudre les questions bilatérales de manière pérenne.


2. Création d’un Conseil permanent de coopération bilatérale : Cet organe consultatif, composé de représentants des deux pays et d’experts internationaux, coordonnerait les initiatives bilatérales, notamment dans les domaines des infrastructures, de la santé et de l’éducation.


3. Coopération économique : La promotion des échanges commerciaux à travers la réduction des barrières douanières et la création de zones économiques spéciales contribuerait à la croissance des deux nations.


4. Développement des infrastructures transfrontalières : La construction d’infrastructures communes, telles que des marchés transfrontaliers et des systèmes d’approvisionnement en eau, renforcerait la coopération économique.


5. Gestion des flux migratoires : Un accord sur l’immigration, garantissant des droits et conditions de travail décents, permettrait une gestion plus équitable et humaine des migrants haïtiens.


6. Gestion conjointe des ressources naturelles : Des comités binationaux se chargeraient de la gestion des ressources partagées, telles que l’eau et les forêts, en vue d’un développement durable.


7. Échanges culturels et éducatifs : La promotion des échanges culturels et des programmes éducatifs rapprocherait les populations et favoriserait une meilleure compréhension mutuelle.


8. Lutte contre la criminalité transfrontalière : Des initiatives conjointes pour lutter contre la criminalité et le trafic illégal seraient nécessaires pour garantir la sécurité régionale.


9. Soutien humanitaire : En cas de crise, des protocoles bilatéraux d’assistance rapide permettraient une meilleure coordination des secours.


10. Collaboration environnementale : La gestion des écosystèmes et la lutte contre le changement climatique pourraient bénéficier de projets conjoints, en particulier dans la préservation de la biodiversité.


11. Promotion de la santé publique : Coopérer dans le domaine de la santé permettrait de mieux gérer les crises sanitaires et d'améliorer les soins pour les populations transfrontalières.


12. Sensibilisation et éducation : Des programmes d’éducation axés sur la tolérance et la coopération aideraient à déconstruire les préjugés et à promouvoir un avenir commun.


Les relations haïtiano-dominicaines, bien que marquées par des tensions, recèlent un potentiel de coopération immense. Avec une volonté politique forte et un dialogue constructif, l’île pourrait devenir un modèle de collaboration régionale, bénéfique pour les deux peuples.



Mardochée Sheldens NICOLAS

Juriste & Politologue

Masterant en droit des affaires

Masterant en politique étrangère

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