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Martissant-Mirebalais : l’État lâche du terrain depuis 4 ans





Depuis l’offensive des gangs à Martissant en juin 2021, l’État haïtien perd progressivement le contrôle de son territoire. De Port-au-Prince à Mirebalais, les groupes armés dictent leur loi. Prisons évadées, postes de police abandonnés, routes occupées : les gangs installent leur propre régime. Le CARDH tire la sonnette d’alarme et appelle à une riposte sérieuse.


Le 1er juin 2021, des rafales de balles résonnent à Martissant et Fontamara. Ce jour-là, les gangs déclenchent une offensive sans précédent. La police, dépassée, perd le contrôle. En moins d’une semaine, les quartiers de Martissant 7, 2A, 2B, 4 et 23 tombent sous la coupe des gangs de Gran Ravin et Village-de-Dieu. Martissant devient le symbole du premier "territoire perdu".


Quatre ans plus tard, le constat est accablant. Dans un rapport accablant publié le 1er juin 2025 de plus de 30 pages, le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits de l’Homme (CARDH) révèle que 28 territoires sont désormais hors de portée de l’État, dont 25 dans le département de l’Ouest. Plus de 1 064 000 déplacés internes, 4 716 morts, 136 policiers tués ou portés disparus, 3 363 kidnappings : le pays s’enfonce dans une spirale infernale.


Le système sécuritaire s’effondre. Plus d’une trentaine de postes de police sont désertés ou contrôlés par des groupes armés. Des routes stratégiques sont occupées et transformées en points de rançonnement illégaux, où les passants sont systématiquement fouillés, rackettés, voire enlevés. Les viols sont utilisés comme méthode de domination.


Les évasions massives de plusieurs prisons renforcent cette dynamique. Le Pénitencier national, la plus grande prison du pays,a prison civile de la Croix-des-Bouquets ont subit d'évasions spectaculaires libérant des centaines de détenus en mars 2024. Ces actes ont été orchestrés par des bandes lourdement armées.


En 2024, Port-au-Prince est classée ville la plus violente au monde, selon un institut basé au Mexique. L’ONU estime que 85 % de la capitale est aux mains des gangs. Malgré l'arrivée en juin 2024 d'une mission multinationale dirigée par le Kenya, le bilan sécuritaire reste fragile.


Le CARDH dénonce l’inaction et le laxisme des autorités haïtiennes, accusées d’avoir laissé pourrir la situation, voire d’avoir collaboré tacitement avec certaines bandes armées. Il appelle à des mesures urgentes, à la fois conjoncturelles et structurelles, pour éviter un effondrement total :


Recommandations du CARDH :


Réformer le cadre légal sécuritaire, notamment la loi fondatrice de la PNH de 1994 ;


Créer une unité anti-gangs / anti-terroriste formée et équipée ;


Renforcer les effectifs de la police et de l’armée ;


Lever l’embargo sur les armes imposé depuis 1991, sous supervision internationale ;


Fournir un soutien logistique terrestre, aérien et maritime aux forces de l’ordre ;


Construire une prison de haute sécurité ;


Mettre en place une structure de réinsertion pour les enfants enrôlés dans les gangs ;


Créer un task force judiciaire spécialisé dans les crimes liés aux gangs ;


Encourager les redditions volontaires, avec des garanties claires et encadrées.


Enfin, le rapport insiste sur la nécessité absolue de respecter les droits humains dans toutes les opérations, surtout dans le cadre d’un éventuel soutien d’acteurs extérieurs comme la société Academi (ex-Blackwater), citée par le New York Times.


Martissant, Carrefour, Gressier, centre-ville de Port-au-Prince, bas Delmas ,Kenscoff, Cabaret, Croix-des-Bouquets, une partie de Tabarre, Petite-riviere de l'Artibonite Mirebalais sont autant de grandes agglomérations sous contrôle de gangs alors que les autorités de transition d'actuel mettent le cap sur l'organisation des élections.


Si aucune stratégie cohérente n’est mise en œuvre rapidement, le risque est réel : voir l’ensemble du territoire haïtien passer sous contrôle des terroristes.


Wideberlin Sénexant

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