
Par Eddy Trofort
« En tant qu’activiste et personne vivant avec le VIH, cette nouvelle est extrêmement inquiétante », c’est la grande préoccupation d’Esther Boucicualt Stanislas, Présidente de la Fondation Esther Boucicualt Stanilas (FEBS) qui travaille avec les Personnes vivant avec le VIH depuis plus de 20 ans dans le département de l’Artibonite. Mme Boucicault fait remarquer qu’après tous les efforts consentis et les résultats obtenus jusqu’à présent, entendre parler d’un arrêt, même partiel, de l’aide aux PVVIH est un coup dur pour le secteur.
« Quand je repense au parcours difficile que j’ai dû affronter, je trouve inacceptable de devoir revenir en arrière. Nous parlons de vies humaines, pas simplement de politiques », lance-t-elle soulignant qu’une telle décision pourrait avoir des conséquences désastreuses sur des milliers de personnes qui dépendent de ces programmes pour survivre.
Une lutte loin d’être terminée
Pour l’activiste Esther Boucicault Stanislas, l’inquiétude vient du fait que, malgré les grands efforts consentis jusqu’à présent, la lutte est loin d’être terminée. Elle explique qu’en Haïti, l’éducation est encore négligée, l’accès à l’information est limité, et dans les milieux ruraux, les gens n’ont souvent pas accès aux soins de santé ni à l’éducation. Selon elle, suspendre l’aide entraînerait une augmentation des cas résistants, des charges virales élevées, et même des nouveaux cas de transmission du virus. Ce serait un énorme bond en arrière, annulant les progrès colossaux réalisés depuis plus de 30 ans.
Un appel à l’État haïtien
« Il est clair que l’État haïtien doit revoir sa politique en matière de santé, notamment en ce qui concerne le soutien aux PVVIH », avance la Présidente de la FEBS. Pour Esther, il n’est pas normal que les PVVIH et les organisations œuvrant dans ce domaine dépendent principalement de l’aide étrangère.
« Nous sommes en Haïti, la population est haïtienne, et c’est à l’État haïtien d’assurer le bien-être de tous ses concitoyens, en particulier les plus vulnérables. Mme Stanislas appelle le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) et la société civile à se pencher de toute urgence sur cette question. Sinon, selon elle, tous les efforts déployés pour atteindre les résultats actuels auront été vains. Dans ce sens, elle invite les partenaires à entamer des discussions sérieuses avec les acteurs sur le terrain pour maintenir les avancées réalisées.
Des craintes bien fondées
Pour le moment, les PVVIH continuent de recevoir leurs médicaments. Cependant, certains ont déjà posé la question : « Est-ce que les supporteurs vont arrêter de leur fournir les médicaments ? » Cela montre à quel point les craintes sont grandes et les conséquences potentielles catastrophiques. La peur de perdre l’accès aux traitements est réelle et justifiée.
Des conséquences cataclysmiques
« Arrêter l’assistance financière aurait des conséquences cataclysmiques. Nous parlons de vies humaines et d’un virus transmissible sexuellement », avertit l’activiste. Elle est convaincue que l’arrêt de l’aide signifierait arrêter les soins, ce qui entraînerait une réaction en chaîne : des patients résistants, des patients détectables (et donc capables de transmettre le virus), et des patients qui pourraient mourir à tout moment. Ce serait la panique totale, un retour aux années 80, lorsque le VIH était une sentence de mort.
« Nous ne pouvons pas permettre que cela se reproduise » crie Esther Boucicault Stanislas.
Une prise de conscience urgente
L’annonce de la réduction de l’aide étrangère par l’Administration Trump soulève des inquiétudes majeures parmi les PVVIH et les organisations de lutte contre le SIDA en Haïti. Esther B. Stanislas, présidente de la FEBS appelle à une prise de conscience urgente du gouvernement haïtien pour assurer un financement durable et local des programmes de soutien aux PVVIH. Sans cela, les progrès réalisés risquent d’être réduits à néant, avec des conséquences désastreuses pour des milliers de vies.
Eddy Trofort
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