
La recrudescence de l’insécurité à Port-au-Prince et dans certaines villes de province ces derniers jours, ne laisse pas indifférent le président de Boku Global Corporation, une organisation non gouvernementale engagée à relever les défis mondiaux et à défendre les droits de l’homme, Bradley Lambert, qui reconnaît que la « situation en Haïti est on ne peut plus préoccupante et affecte tous les aspects de la vie nationale, allant de l’Etat de droit jusqu’à l’existence même des citoyens ». Dans le cadre d’une récente interview exclusive accordée au journaliste de la Radio-Télévision Caraïbes (RTVC) GeorGes Allen, il s’est aligné sur la position du Secrétaire général de l’Organisation des nations unies, Antonio Guterres, qui plaide pour la transformation de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti en une mission de maintien de la paix de l’ONU. « Il est inacceptable que des groupes armés imposent leur loi à la population et aux différentes institutions. Plus que jamais, il nous faut agir, au plus haut sommet de l’Etat, avec fermeté et intelligence en adoptant une approche globale impliquant une réponse sécuritaire robuste… », préconise Bradley Lambert qui ne cesse de plaider pour des réformes structurelles afin qu’une telle situation chaotique ne se reproduise à l’avenir.
La crise sécuritaire en Haïti est telle que certains analystes comme certains hommes de la rue invoquent ce qu’ils appellent un ‘’complot’’ ourdi par la communauté internationale contre le pays. Réagissant à cette question à laquelle l’ancien journaliste de Radio Télé Métropole a fait allusion, le président de Boku Global Corporation répond en ces termes : « L’ampleur de la crise et la répétition des cycles de violence laisser croire qu’il existe des intérêts cachés derrière ce chaos. Cependant, au-delà des théories complotistes, ce qui est certain c’est que nous faisons face à des défaillances internes qui ont favorisé l’émergence et la consolidation des gangs armés. Les plus grands ennemis d’Haïti aujourd’hui sont l’impunité et la corruption. Aussi, je peux ajouter l’absence de politiques publiques efficaces et efficientes en vue d’encadrer les jeunes en leur offrant des opportunités économiques. En somme, que certains acteurs externes aient des intérêts inavoués dans la situation actuelle c’est possible ». Pour Bradley Lambert, afin d’éviter toute manipulation réelle ou imaginaire, il s’avère nécessaire de faire du renforcement des institutions haïtiennes une priorité.
En dernier ressort, compte tenu du caractère intenable de la situation en Haïti caractérisée par la montée en puissance des malfrats et la perte de plus en plus de territoires, M. Lambert estime que la proposition du Secrétaire de l’ONU relative à la transformation de la Force multinationale en une mission onusienne de maintien de la paix n’est pas du tout absurde. « L’histoire des missions de l’ONU en Haïti nous a clairement montré que, si une mission peut stabiliser la situation temporairement, elle n’est pourtant pas porteuse d’une solution durable. Néanmoins, si la Force multinationale d’appui à la sécurité était transformé en une mission onusienne de maintien de la paix, elle aurait eu plus de moyens à sa disposition. Ce qui rendrait plus efficace la lutte contre les gangs armés… », admet-il, tout en concluant que la modernisation, la restructuration et le renforcement de la Police nationale d’Haïti (PNH) en termes de matériels et d’équipements demeurent un impératif catégorique.
GeorGes ALLEN
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