La localité de Ranja, à moins de dix (10) kilomètres de Jérémie est maintenant dotée d’une unité de transformation des produits agricoles, principalement la banane plantain. C’est au cours du week-end écoulé que l’organisation locale qui œuvre contre la faim, Concorde Haïtienne de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (CHSAN) a réalisé deux ateliers de formation dans le domaine de l’entrepreneuriat, l’agriculture et la transformation.
Les affrontements entre les bandes armées au niveau de Martissant traînent dans son sillage tout un ensemble de problèmes parmi lesquels l’incapacité des marchands à acheminer leurs produits agricoles à travers la Capitale. Un problème majeur pour les « madan Sara » qui assistent avec lassitude le pourrissement de certains produits agricoles à destination de Port-au-Prince en raison de sa domination par des bandes armées qui décident de bloquer les routes comme bon leur semble.
Au cours de son intervention, l’agronome Plaisy Jhonn Wilens a fait le point sur la dépendance du pays par rapport aux importations alimentaires qui a cru de façon alarmante : « Haïti est passée d’une situation d’autosuffisance en production céréalière en 1972 à une situation où l’offre alimentaire globale est fournie aujourd’hui à 59% par des importations alimentaires. Une situation qui n’est pas étrangère à la détérioration des conditions de vie des petits producteurs agricoles haïtiens. Aujourd’hui avec les différentes crises que connait le pays, chacune d’entre elle apporte des opportunités que les paysans et fermiers doivent exploiter. Il est clair qu’à chaque fois que les routes sont bloquées, on observe des pertes énormes en produits agricoles. C’est quasiment inacceptable. Les gens devraient venir avec de nouvelles alternatives et cet atelier de formation peut donner la réponse par rapport à ce problème de gaspillage de produits agricoles en raison de l’insécurité un peu partout. Haïti importe beaucoup de chips car les haïtiens sont de grands consommateurs pourtant nous avons une multitude de matières premières qui sont entrain de gaspiller alors qu’on pouvait les utiliser pour fabriquer nous mêmes nos chips », a souligné l’Agronome.
De son côté, l’économiste Yzidor Pierre qui animait un atelier sur l’entrepreneuriat a salué l’initiative en ces termes :
« Je pense que ce type d’activité est nécessaire pour le pays et nous en avons grandement besoin ici même. Les agriculteurs ont besoin de l’accompagnement. Ce sont des milieux où les produits agricoles sont entrain d’être gaspillés. Après les récoltes, malheureusement, ces gens là non pas les matériels qu’il faut pour évoluer dans le domaine de la transformation, l’agro-industrie afin de mettre la valeur ajoutée. Je pense qu’une telle démarche est louable et ça peut aboutir à beaucoup de bonnes choses », avance l’économiste
Pour sa part, Dupont Fabiola, l’une des bénéficiaires de ces deux ateliers de formation n’a pas caché sa satisfaction pour une pareille initiative. « Bien avant, j’avais mon petit jardin de banane, j’avais même commencé une carrière de ‘’Madan Sara’’ pour aller les vendre à Port-au-Prince. Grâce à cela, j’étais en mesure de subvenir à mes besoins et ceux de mon fils. Cela ne rapportait pas beaucoup mais je pouvais combler certains besoins essentiels. Et peu à peu la situation au niveau de la rentrée de la capitale s’est détériorée jusqu’à ce que j’aie tout laissé tomber. J’avais continué à vendre mes bananes ici mais c’était au prix de l’acheteur pas le mien. Ce qui a engendré automatiquement des déficits. Aujourd’hui, après cette formation, je serai en mesure de produire des chips pour éviter le gaspillage de mes récoltes de banane », a-t-elle lancé.
Suite à ces deux ateliers de formation, les bénéficiaires ont fait savoir qu’ils ne vont pas rester là. Ils sont en grande partie des agriculteurs et possèdent des plantations où ils cultivent la banane. Ils comptent travailler en partenariat dans l’objectif de mettre sur pied un atelier de transformation des produits agricoles.
GL/HPN
Comments