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Haiti-Vertières : en « mauvais soldat », Ariel Henry a fui les 220 ans de la Bataille

18 novembre 2023. Il pleut sur Vertières comme il pleut sur certaines régions du pays. Comme pour décolorer un peu plus l’atmosphère, une dépression tropicale s’invite donc à la commémoration déjà terne et sans vie des deux cent vingt (220) ans de la Bataille de Vertières. Pour la vérité, mobilisons l’histoire : « Le 18 novembre 1803, c’est sous un ciel dépourvu de clémence et lourd d’orages, la terre ruisselante de pluies, que les Nègres et les mulâtres pourvus d’une intraitable vaillance ont donné un sens et un contenu universel à la Liberté, en mettant en déroute l’armée napoléonienne. C’était un vendredi ! » Tout bien considéré, ce n’est pas le mauvais temps qui a tué l’esprit commémoratif ce 18 novembre 2023 ; faux, archi-faux ! Général fantoche, le Premier ministre Ariel Henry avait déjà tourné allègrement le dos à Vertières, en prenant l’avion pour l’Arabie-Saoudite le mardi 15 novembre 2023. Plutôt que de marquer l’histoire à sa façon, le Chef du Gouvernement de facto préfère se rendre en terre asiatique pour jouer la carte de la « coopération ». Coopération, vous dites ? Croisons les doigts !

Pour parler philosophiquement, disons en toute sincérité que la Bataille de Vertières a son ipséité, son idiosyncrasie, ses traits historiques caractériels qui font d’Elle un évènement essentiellement et pertinemment unique. Même si la date du 18 novembre 1803 en soi n’a pas besoin d’épouvantails pour parler d’elle et la faire exister, il faut concéder à l’anthropologue Michel-Rolph Trouillot qu’il ne suffit pas à l’évènement d’avoir eu lieu pour s’inscrire dans la mémoire, il faut qu’un pouvoir l’institue, le valorise. Deux cent vingt (220) ans depuis que des va-nu-pieds révolutionnaires ont donné une réponse violemment humanisée à la violence déshumanisante des colons soi-disant civilisés, la Bataille de Vertières dans son symbolisme comme dans sa portée historique n’est ni instituée, ni valorisée. Voilà ce qui explique pourquoi un dirigeant, le premier parmi nous, peut s’en foutre royalement. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, hélas ! mais Vertières n’est toujours pas une Idée nationale, une date qui réunit à défaut d’unir les Haïtiens.

Même si, comme bon nombre de ses prédécesseurs avant lui, le général fantoche a fui la Bataille, rappelons-nous que Vertières par sa portée universelle reste et demeure le haut-lieu de la redéfinition conceptuelle de l’Humanité. Mieux encore, le bout du tunnel de l’horreur, le dernier face-à-face entre le racisme colonial et la réalisation concrète du principe de l’égalité des races et de la liberté universelle (Lyonel Trouillot). Si, au XXIème siècle, l’Haïtien avait saisi Vertières dans son sens et dans son essence, c’est sous la Tempête tropicale qu’il irait danser pour rappeler aux colons des temps modernes que la Première République noire, même si chancelante, existe encore ; qu’Haïti peut encore se donner un lumineux destin à la lumière d’une date (18 novembre 1803) qui fera éternellement date. Mais nous ne sommes pas encore là. Pour l’instant, nous nous vautrons encore dans le jeu politique des petits coquins malins qui s’évertuent à perpétuer le règne de l’oubli, à faire du 18 novembre tout ce qu’il n’est pas : une date ordinaire dans la grande histoire du monde libre.


GeorGes Des-Castiba Allen

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