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Haiti : Les femmes haïtiennes sont doublement victimes de la situation délétère d’Haïti





Definie aux termes de l’article 1er de la convention Belem do para, la violence contre la femme est considérée comme « tout acte ou comportement fondé sur la condition féminine qui cause la mort, des torts ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychiques à la femme, aussi bien dans sa vie publique que dans sa vie privée. Elle est donc une violation des droits des femmes et une atteinte à son integrité psychique et physique». Ce, exacerbées dans les cas de troubles ou d’instabilité politique comme c’est maintenant la realité du pays.

En effet, la situation de violence faite aux femmes et aux filles en Haïti est souvent banalisée à un point tel que la société croit que la violence basée sur le genre est normale. Pourtant on peut y voir un phénomène inquiétant qui peut expliquer une grande dépression socio-psychologique chez les personnes victimes ou affectées et ce, depuis plus de trois décennies dans le pays. Le dernier rapport publié dans Onu-info le 14 octobre 2022 portant sur les violences sexuelles généralisées et ses conséquences à long terme sur le pays, nous laissent très perplexe. Ce rapport relate que : « Port-au-Prince, en Haïti, de jeunes enfants de 10 ans, mais aussi des femmes âgées, ont été victimes de violences sexuelles - y compris de viols collectifs devant leurs parents ou leurs enfants - alors que l’explosion de violence des gangs ravage la capitale haïtienne.

La violence sexuelle serait une arme subtile utilisée par des gangs pour semer la peur, et de façon alarmante, le nombre de cas augmente de jour en jour à mesure que la crise humanitaire et des droits humains en Haïti s'aggrave, explique Nada Al-Nashif.

En analysant cette situation nous constatons que les femmes sont doublement victimes comme citoyennes et comme femmes où elles deviennent carrément un objet sexuel. D’abord elles sont généralement plus vulnérables dans les situations de crise et de violence armée telle que nous vivons actuellement en Haïti en plus d’être la cible privilégiée des gangs armés qui opèrent en toute impunité.

Cette vulnérabilité est à la fois transversale et spécifique selon nous. Elle est sociale, car les femmes ne parviennent pas toujours à jouir des privilèges sociaux tels que l'éducation, la culture, les loisirs etc. Il s’agit aussi d’une vulnérabilité économique qui s’explique par le fait que le pouvoir d'achat des femmes déjà assez faible en temps normal, diminue considérablement en temps de crise. Déjà, elles ont les plus faibles revenus. Elle est politique car certaines femmes qui se sentent vulnérables et ont besoin d'une protection double vue que l'on sait qu'elles sont beaucoup plus faciles à être attaquées. En plus des problèmes décrits plus haut, s’ajoute des problèmes d'ordre sexuel : le viol !


Il est certain que la société civile, les responsables étatiques, l’Office du protecteur du citoyen et de la citoyenne (OPC) doivent intervenir en urgence. A notre niveau, dans le cadre du projet PASSREL nous voulons d’abord (i) dénoncer ces actes barbares et inciter les structures étatiques à s’engager à intervenir afin que cela cesse, et ensuite (ii) encourager les femmes et les filles victimes à porter plainte.


Nous comptons travailler avec les femmes et les jeunes pour un changement de comportement en les sensibilisant sur la violence basée sur le genre. Nous volons rappeler que le Projet d’appui à la santé sexuelle et reproductive égalitaire (le Projet) est financé exclusivement par Affaire Mondiale Canada (AMC) dans le cadre de l’appui du Canada au peuple haïtien. Il vise ultimement l’amélioration de l’exercice du droit à la santé, particulièrement à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR), de 55 346 citoyen·ne·s (40 755 adolescentes/femmes et 14 591 adolescents/hommes) de la commune de Croix-des-Bouquets (CDB). Ce meilleur exercice implique entre autres que les adolescentes et les femmes ciblées aient désormais accès à des soins de santé acceptables et d’une qualité satisfaisante, il signifie également une attitude plus positive des communautés ciblées, des prestataires de services et de soins et des instances décisionnelles et gouvernementales vis-à-vis d’un plus grand contrôle des adolescentes, femmes et personnes marginalisées sur leur santé ainsi que leurs droits sexuels et reproductifs (SDSR) et vis-à-vis de l’élimination de la violence sexuelle fondée sur le genre (VSFG).


PASSREL met en commun les efforts de 3 organisations canadiennes, soit la Fondation Paul Gérin-Lajoie (Fondation), l’Association canadienne des sages-femmes (ACSF) et la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC). Le Projet est mis en œuvre en partenariat avec 3 organisations haïtiennes, soit la Fondation pour la Santé Reproductive et l’Éducation Familiale (FOSREF), l’Association des Infirmières Sages-Femmes d’Haïti (AISFH) et la Société Haïtienne d’Obstétrique et de Gynécologie (SHOG). Le Projet collabore aussi de près avec le Ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) via la Direction de la Santé de la Famille (DSF), la Direction sanitaire de l’Ouest (DSO) et l’Unité d’arrondissement sanitaire (UAS) de CDB. Le Projet est réalisé grâce à la contribution financière d’Affaires mondiales Canada (AMC).



Malgré les efforts du gouvernement haïtien, le Système des Nations Unies et l’Union européenne à travers l’Initiative Spotlight lancé officiellement le 29 octobre 2020 en Haïti dans le cadre d’un partenariat mondial pluriannuel entre l'Union européenne et les Nations Unies visant à d’éliminer toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des filles d'ici 2030, la situation semble s’aggraver depuis. En effet ‘augmentation des gangs armés dans les ceintures de la capitale rend la vie presqu’impossible dans un contexte de grand de grand banditisme et d’impunité quasi-totale.

C’est pour cela qu’il faut multiplier les efforts et les initiales. Dans cette perspective, PASSREL est en train d’intervenir en attirant l’attention des institutions et de la société civile sur cette situation de violence systématique. Le projet va continuer à sensibiliser le grand publique, envoyer des lettres ouvertes ou des vidéos expliquant le phénomène toute en faisant un plaidoyer pour que l’État puisse prendre en main ce grave. D'autre part, nous allons sensibiliser la population (femmes, hommes, filles, garçons et les personnes marginalisées) sur ce phénomène qui existe mais dont on évite de parler. Cette invitation pourrait se faire à travers les médias traditionnels et les réseaux sociaux ou des journées de formation, d'information et de sensibilisation et des webinaires que nous comptons réaliser conjointement avec l’UNESCO en Haïti.


La commune de la Croix des Bouquets dans laquelle intervenait PASSREL est régulièrement touchée par la violence qui est devenue la norme. A ce sujet, la population doit se mettre debout pour lutter contre ce mal qui risque de laisser des cicatrices pour la vie. La population doit continuer à dénoncer la violence basée sur le genre et s’organiser de plus en plus pour traduire en justice les bourreaux. C’est pour cela que nous devons agir vite et en synergie pour appuyer ces femmes doublement victimes et les réhabiliter dans leur dignité et leurs droits.


Puisse la détermination de chaque Haïtien et Haïtienne, servir de leitmotive pour freiner ce mal qui repend la terreur et qui dégrade l’image de notre société où les valeurs sont déjà en berne.


Mona Jean et Mirlanda Lindor avec l’appui de Jean Michel Charles

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