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Haiti : La date du 7 février comme obsession




Que reste-t-il de la démocratie haïtienne ? Voilà une question sérieuse qui pourtant n’intéresse personne… ou presque. Haïti a ceci de culturellement mystérieux que le pathologique passe pour normal, que la fiction s’impose en réalité, que la maladie se prend pour remède. Et tout le monde s’en fout ! Comme si la Démocratie était une chose trop importante pour être confiée aux Haïtiens, nous nous sommes volontairement engagés dans une course vers le pire, déviant ainsi de la voie républicaine tracée par les Pères fondateurs de la nation. Autre fait, politiquement mystérieux : dans l’imaginaire de l’Haïtien comme dans sa réalité sociale collective, le pire d’hier était toujours mieux que le mal d’aujourd’hui. C’est ainsi que s’est ouvert, dans l’univers sociopolitique haïtien depuis très longtemps, le long et interminable cycle du rache manyòk, générateur de toutes les instabilités. Simplement parce qu’il faut guérir le mal présent par un bien pressant, qui pourtant dépassera en horreurs et en abjections la mauvaise graine à peine déracinée.


A moins de trois mois du 7 février, date constitutionnelle consacrée à l’entrée en fonction d’un « Président élu » après l’écoulement d’un quinquennat présidentiel, les appels à la démission du Premier ministre de facto Ariel Henry, Président qui ne dit pas son nom, se renforcent et fusent de partout. Ces appels, loin d’être la manifestation d’une volonté réelle de remettre le pays sur les rails démocratiques, découlent d’un simple prurit politicien de consolider la permanence du provisoire. Une transition qui n’en finit pas, dirait le journaliste Pierre Raymond Dumas. Dans son attitude politique, le politicien opposant est pareil à la vieille cigale de la fable qui passe tout son temps à chanter en été et se livre dans une course folle contre la montre quand arrive la brise, rien que pour pouvoir subsister... Ainsi, durant les quelques mois qui précèdent la date du 7 février, aucune action politique fécondatrice n’est posée, aucun projet citoyen légitime apte à réunir et unir le peuple n’est proposé, aucun geste social ou moral convaincant n’est esquissé dans l’espoir de redonner un sens vital à la République en faillite… En somme, l’Opposition politique en Haïti est comme engluée dans une paresse politique qui semble lui faire croire que les efforts à faire pour sortir Haïti du chaos sont au-dessus de ses capacités physiques, économiques et morales. D’où, notre démocratie est réduite aux viles dénonciations et aux simplistes appels à la démission. Comme si la politique avait cessé d’être un rapport de force, pour devenir un jeu d’enfants de chœur.


À l’inverse de la dictature dont nous avons fait la terrible expérience historique, la démocratie, régime de liberté par excellence, repose sur le principe anxiogène du vide du pouvoir. Autrement dit, le pouvoir démocratique est naturellement changeant. L’alternance politique est un impératif catégorique, dont on ne peut se passer impunément. Soit ! De jure ou de facto, aucun Gouvernement ne peut prétendre à la durée indéterminée. Encore moins un Gouvernement dont le Chef a été établi dans des fonctions qui, au regard du droit politique, ne sont pas les siennes propres, par simple tweet de la Communauté internationale. Par-delà les rêves trompeurs et les palabres creuses des politiciens en panne d’inspiration, nous sommes aujourd’hui face à un fait déconcertant, si ce n’est décevant : aucune voix n’est écoutée, faute d’autorité ! De tout temps en Haïti, la force politique se prouve par la capacité de convoquer et de mobiliser les masses populaires, par l’aptitude à faire agir la Communauté internationale un tant soit peu dans le sens de ses ambitions. En dehors de cela, tout n’est que faiblesse bruyante. Aujourd’hui, que l’homme ou le parti qui se sent doté de ce pouvoir de convocation et de mobilisation, de cette ingénieuse habileté politique se manifeste ! Outre ces vertus, il ne reste que le consensus, à défaut la collaboration.


GeorGes Allen

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