"Nous restons convaincus qu'il n'y a pas d'école de qualité sans le préscolaire qui est la base et les nouveaux cours (éducation physique et sportive, éducation artistique et esthétique, technologie et activités productives...) que l'école fondamentale doit désormais embrasser. Ce ne sera pas possible en dehors de la réforme curriculaire", ainsi s'est exprimé le titulaire du ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle, le professeur Nesmy Manigat, lors du lancement d'un atelier de deux jours portant sur la présentation de la Feuille de route de la réforme curriculaire, où la question linguistique a été très agitée dans les échanges au cours de la première journée.
Cette activité qui rassemble en présentiel et à distance divers acteurs nationaux et internationaux impliqués dans le secteur éducatif, mais aussi plusieurs cadres du MENFP, se déroule au Karibe hôtel, les mardi 3 et mercredi 4 octobre 2023, autour du thème : "Concevoir un curriculum résilient pour assurer une éducation de qualité pour tous".
Durant les deux jours des travaux en atelier, les participants qui constituent des acteurs représentatifs du système éducatif haïtien, doivent réfléchir, discuter, commenter et valider cette Feuille de route qui se révèle un outil pratique pour la transformation curriculaire du système éducatif.
Cet atelier vise en outre à établir un accord de partenariat solide en vue d'une mise en œuvre réussie de la réforme, tout en garantissant une approche participative et collaborative à toutes les étapes du processus de réforme curriculaire.
Il s'agit en un mot, d'un document soumis à l'appréciation des penseurs, chercheurs et praticiens de l'éducation pour aboutir à un instrument fini et consensuel, proposant un curriculum plus juste, plus équitable et plus durable, et qui prend en considération l'ensemble des valeurs de la société.
Se basant sur les constats pour le moins, alarmants dans le système, le ministre Nesmy Manigat dit croire que le chemin du redressement de la chose éducative est encore long à parcourir. C'est pourquoi, juge-t-il, nécessaire et très important cette réforme curriculaire qui est l'un des chantiers majeurs du MENFP tendant à transformer le système éducatif et, par ricochet, à transformer la société tout entière.
Néanmoins, le ministre Manigat qui a toujours exprimé la priorité accordée à cette forme curriculaire, dit compter sur la participation de tous les acteurs de la vie nationale afin de parvenir aux résultats escomptés.
Ainsi, il a attiré l'attention des participants sur la nécessité de concentrer leur pensée et réflexion sur un curriculum adapté à la réalité socio-culturelle des enfants, et qui puisse permettre aux apprenants de pouvoir développer des compétences leur permettant d'évoluer pleinement partout où ils se retrouvent sur la planète.
"La charge est lourde, mais nous devons la porter. Seule la collaboration de tous et de toutes permettra d'en arriver à point et d'atteindre l'objectif fixé", a conclu le premier responsable de l'éducation en Haïti, avant de saluer le support des partenaires du MENFP notamment l'UNESCO et la Banque interaméricaine de développement (BID) qui n'ont jamais marchandé leur appui à ce chantier majeur qui ne vise que le redressement du système éducatif du pays.
Pour sa part, M. Khadim Sylla qui parlait au nom de la représentante de l'UNESCO en Haïti, Mme Tatiana Villegas, a salué cette réforme qu'il estime importante dans le cadre de la transformation de l'école haïtienne.
Selon M. Sylla, l'étendue des champs couverts par cette réforme curriculaire, implique indubitablement la nécessité d'une approche graduelle dans sa mise en oeuvre et l'identification des priorités.
Aussi, pense-t-il, que la prise en compte de ces points suivants pourrait contribuer à la réussite de la réforme. Il a cité d'abord le prototypage de l'homme haïtien pour donner une guidance, une orientation, un contenu pratique et opératoire à la politique stratégique gouvernementale ; ensuite, la restauration de la conscience historique à travers les programmes à concevoir ; puis la question fondamentale de l'aménagement linguistique qui, à-t-il soutenu, à l'intérieur de la réforme curriculaire, occupe une place charnière dans l'amélioration de la qualité de l'éducation.
Prenant également la parole à l'ouverture de l'atelier, la représentante du Bureau international d'éducation (BIE-UNESCO), Mme Amapola Alama s'est réjouie de prendre part à cette activité qui, a-t-elle indiqué, marque un jalon important dans le processus de transformation curriculaire initié par le ministère.
La réforme curriculaire, d'après elle, est un processus complexe qui exige une réflexion approfondie et une collaboration étroite entre toutes les parties prenantes. C'est un processus qui implique, a-t-elle ajouté, une vision claire, un investissement à long termes, des ressources adéquates et un engagement soutenu.
"Une réforme curriculaire bien conçue et menée à terme, a la capacité de transformer l'éducation en un moteur puissant de développement humain, économique, social et culturel. Et, c'est avec cette conviction que l'UNESCO en collaboration avec le Bureau international d'éducation (BIE), s'est engagée à soutenir Haïti dans ce chantier nécessaire et ambitieux", a balancé en conclusion Mme Alama.
La Feuille de route de la réforme curriculaire, considérée comme étant un outil pratique pour la transformation du système éducatif, est basée sur cinq (5) piliers fondamentaux : la confirmation d’une volonté politique initiée depuis plus de 40 ans, La mobilisation des efforts dans une même direction, l'alignement et la cohérence interne du curriculum, le bâtir sur l'existant, et enfin la planification et la coordination des interventions.
Alix Laroche
Photos : Anderson Elien
Comments