Ce désintéressement survient après que les États-Unis et l'Équateur n'ont pas réussi à obtenir l'adhésion de la Chine et de la Russie. L'administration Biden se voit contrainte de renoncer à sa démarche visant à transformer la mission de sécurité dirigée par le Kenya en Haïti en une opération officielle de maintien de la paix des Nations Unies. Cette information a été confirmée par le journal américain Miami Herald le week-end dernier.
Les deux pays se contenteront de chercher à renouveler pour un an le mandat de la mission multinationale de soutien à la sécurité, qui sera soumise au vote du Conseil de sécurité de l'ONU ce lundi. Si elle est approuvée, la mission serait prolongée jusqu'en octobre 2025. Lors des négociations entamées plus tôt ce mois-ci, la Russie et la Chine se sont opposées à plusieurs reprises à l'inclusion de toute clause demandant au Conseil de sécurité de « commencer à planifier la transition » de la mission vers une opération de maintien de la paix de l'ONU, ou à « envisager » cette transition.
Le manque de soutien financier à la mission a retardé le déploiement des 2 500 agents de sécurité prévus et a affecté la capacité de la mission à soutenir la police nationale haïtienne dans la lutte contre les gangs armés. Près de quatre mois après le déploiement du premier contingent de policiers kenyans en Haïti, il n'y a encore qu'un peu plus de 400 agents de sécurité étrangers sur place, dont un petit contingent de soldats jamaïcains. Ce problème de financement a conduit l'administration Biden à envisager une opération de maintien de la paix, car celle-ci aurait assuré des financements pour une mission mal équipée et sous-financée.
Cependant, tout au long des négociations, la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité avec droit de veto, ont bloqué l'initiative. Ces deux pays, qui n'ont pas contribué à la mission actuelle, ont estimé que les conditions sur le terrain en Haïti ne sont pas propices à une opération officielle de maintien de la paix de l'ONU, arguant que la mission en cours doit d'abord atteindre sa pleine capacité. Ils ont utilisé la crise actuelle pour critiquer la politique américaine dans la région, tout en s'opposant à d'autres interventions de l'ONU en Haïti.
De plus, bien que la Chine soit le deuxième plus grand contributeur financier à l'ONU, elle n'a montré aucun intérêt à contribuer au financement de diverses causes à travers le monde. La Russie, de son côté, a souvent manifesté son manque d’intérêt à collaborer avec les États-Unis pour résoudre des problèmes internationaux, et Haïti ne fait pas exception.
Les États-Unis restent le plus grand contributeur à la mission de sécurité multinationale, avec plus de 300 millions de dollars engagés, mais peinent à obtenir des contributions d'autres pays pour alimenter le fonds d'affectation spéciale de l'ONU censé soutenir les opérations. Le Kenya a estimé que l'opération coûte 600 millions de dollars par an.
YPL/HPN
Comments