S’il fallait emprunter jadis le Boulevard Harry Truman pour atteindre le marché de la Croix-des-Bossales, ce grand lieu de commerces populaires situé dans l’aile nord de la capitale, aujourd’hui point n’est besoin d’effectuer tout ce parcours. Il suffit de se rendre sur la Grand-rue (Boulevard Jean-Jacques Dessaline), zone de la rue Pavée et la rue des Casernes pour trouver fonctionnelle une partie de ce marché, où presque tout est offert sur le macadam, constate un reporter de HPN.
Depuis quelque temps, observons-nous, de nombreux marchands et marchandes qui menaient leurs activités commerciales au marché de la Croix-des-Bossales, prennent position sur la Grand-rue, particulièrement à l’intersection de la rue Pavée et de la rue des Casernes. Ils offrent presque tout. Cependant, les produits alimentaires dominent les étalages.
Interrogés, plusieurs d’entre eux nous affirment avoir pris place sur le Boulevard pourtant destiné à la circulation de véhicules, dans le souci de fuir l’insécurité imposée par des groupes armés illégaux dans les parages de la Croix-des-Bossales.
« Je suis las de payer, sous la menace de leurs armes, des malfrats qui nous rançonnent à longueur de journée au marché de la Croix-des-Bossales. Voilà pourquoi je m’installe ici à ciel ouvert même si notre sécurité n’est toujours pas totalement garantie », nous a balancé un marchand.
Celui-ci, visiblement angoissé, n’avait pas voulu révéler son identité à l’Agence. Il subit les agressions des rayons du soleil qui soulèvent une chaleur suffocante sur le macadam. En plus, il paraît mécontent d’une mauvaise vente, due à un manque de fréquentation de gens au centre-ville qui viennent faire des emplettes. Un centre-ville, soulignons-le, qui présente depuis quelque temps, plutôt l’air d’une savane désolée un peu déserte à cause de l’insécurité.
Dans le voisinage du commerce de ce marchand, Clara, une autre marchande, offre du riz, de l’haricot et des légumes. Comprenant le fil de notre conversation, elle enchaine ainsi : « En plus de nos esprits hantés quotidiennement par des bandits, nous risquons de quitter notre peau à n’importe quel moment sous les feux croisés de bandes armées qui se rivalisent pour le contrôle de ce marché abandonné par l’État », a-t-elle soutenu en sanglot.
Clara, contrairement à son voisin un peu frustré par le ralantissement des activités, semblait de toute évidence, avoir déjà écoulé quelques produits pour la journée. Comme un oiseau perché sur une branche d’arbre, elle s’assoit aisément, sans gêne aucune, sur une pile de choux installés à même le sol.
Il faut dire que la majorité des produits offerts par ces débrouillards sur la Grand-rue sont installés sur l’asphalte. Des marchandises exposées au soleil et à la portée des mouches provenant des tonnes de fatras produits par les marchandes elles-mêmes empilés dans les parages.
Un véritable spectacle affligeant de marchandes et de marchands qui ne se limite pas uniquement à la Grand-rue, mais longeant également, constatons-nous, les trottoirs de la rue des Casernes jusque dans le voisinage de la façade de ce qui reste du Palais présidentiel au Champ de Mars.
Texte et photo : Alix Laroche
hpninfo.com
Comments