Le pays fait face à un taux de chômage patibulaire qui dépasse l’entendement. Ce chômage est ponctué d’une situation socio-économique délétère et vertigineuse. Alors que des millions de bouches sont à nourrir au quotidien, tandis que pour nombre de personnes, l’espoir meurt. La vie devient plus terne au fur et à mesure que les jours passent. L’odeur de promesses gouvernementales non tenues végète et tend à suffoquer une population déjà au bord de l’asphyxie d’une misère noire des plus abjectes. Toute cette tracasserie pousse de plus en plus de gens à s’adonner à de petits commerces, très souvent, de rien du tout, constate un reporter de HPN.
Tout un commerce installé devant des maisons, sur les places publiques, à même le sol dans des lieux très fréquentés, mais surtout dans les rues de Port-au-Prince, bondées de débrouillards en quête de survie. Une capitale haïtienne devenue plus angoissante chaque jour par sa transformation en marchés publics partout.
Ces derniers temps, la dégradation de cette situation socio-économique précaire engendrée par les commotions politiques, semblerait pousser beaucoup plus de personnes en quête du pain quotidien à chatouiller la vie dans les rues aux fins de la voir sourire.
« Les opportunités ne s’offrent plus à moi. Je n’ai pas le choix. Autrefois, je fonctionnais occasionnellement comme professionnel de l’ébénisterie. Mais de nos jours, je ne trouve pas du travail. Je suis obligé de repenser les choses pour ne pas voir mes enfants souffrir de faim », nous a confié Boss Jonas, un ébéniste transformé en marchand de pain dans les rues.
Ti Blanc qui savait bosser dans la maçonnerie, est devenu lui un marchand ambulant. Ce jeune homme qui connait parfaitement bien le maniement de la pelle et de la pioche, se réfère depuis quelque temps, dans la vente de petits sachets d’eau traitée dans les rues de Pétion-Ville, notamment dans les stations improvisées et anarchiques, où le poids du soleil peut forcément engendrer la soif.
« Le ciment, le fer, le sable, le gravier et les autres matériaux de construction deviennent si chers, sans compter le payroll des boss et des ouvriers, des gens ont choisi de ne pas investir dans la construction. Ceux qui commençaient des travaux, les ont stoppés. Donc, il n’y a presque plus d’activités dans ce secteur et je ne peux pas rester les bras en croix. Je me débrouille pour survivre », raconte Ti Blanc interrogé par l’Agence.
En effet, Boss Jonas et Ti Blanc, sont deux parmi tant d’autres nouveaux débrouillards qui gagnent les rues et les trottoirs de la capitale tous les jours à la recherche du pain quotidien. Ces débrouillards sont tellement nombreux dans les rues de forte concentration de personnes, qu’on a l’impression d’être au temps du carnaval.
Pire, nombreux sont ceux qui n’offrent presque rien du tout aux passants. Disons mieux, un commerce insignifiant. Quelques paquets de bonbon en main, un sachet de surettes, une boîte de chocolats, ou encore des rouleaux de papier hygiénique. Rien que ça ! Et, dans cette mêlée de sauve qui peut, tout le monde est commerçant dans les rues. Ce qui entrave, observons-nous, la circulation automobile et piétonne.
Texte et photo : Alix Laroche
hpninfo.com
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