
La Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU en Haïti et Cheffe du Bureau intégré des Nations-Unies ( BINUH), Maria Isabel Salvador prenant la parole ce mercredi, lors de la réunion trimestrielle du Conseil de sécurité, consacrant une partie des discussions à la cause d'Haïti, a déclaré que la violence des gangs en Haïti est en pleine expansion. Les crimes violents ont nettement augmenté. Au moins 1647 personnes ont été tuées cette année contre 692 enregistrées l’année dernière. Mme Salvador a indiqué que depuis son installation en Haïti, il y a une semaine, les représentants de la société civile, notamment les groupes de femmes, les autorités nationales et les hauts fonctionnaires qu'elle a eu à interagir, elle a constaté que la volonté des Haïtiens à dialoguer en vue de rétablir les institutions démocratiques dans le pays est là , mais pour aller de l'avant, il faut s’attaquer efficacement à l’insécurité endémique.
Selon elle, Face à des gangs armés de plus en plus violents en Haïti, la présence policière limitée ou inexistante, certains habitants ont commencé à prendre les choses en main. Ces dynamiques conduisent indéfectiblement à la rupture du tissu social avec des conséquences imprévisibles pour toute la région. Il y a deux jours à peine, à Port-au-Prince, un groupe de civils de 13 membres présumés de gangs détenus par la police les a battus à mort et ont brûlé leurs corps.
Maria Isabel Salvador a indiqué que la police nationale arrive à organiser des opérations antigang efficaces, mais ces gains de sécurité ne sont que temporaires. Le gouvernement continue d’investir dans la Police nationale d’Haïti. Cependant, la GRC manque cruellement de personnel et est mal équipée pour lutter contre la violence et la criminalité. Les décès, les licenciements et l’augmentation des démissions de la police ont réduit son effectif opérationnel de 14772 à environ 13200 personnes, dont seulement 9000 effectuent des tâches policières. À peine 3 500 agents de police sont affectés à la sécurité publique à l’échelle nationale. Entretemps, le recrutement de nouveaux policiers a été interrompu en raison de la détérioration de la sécurité et des contraintes logistiques.
D'un autre côté, la Cheffe du BINUH a fait savoir que conformément à l’accord du 21 décembre, et dans le cadre des efforts visant à poursuivre le dialogue, un forum devra se tenir sur la sécurité nationale et une table ronde politique, qui seront convoqués sous les auspices du Haut Conseil de transition (HCT). Elle tient à préciser que malgré ces gains politiques, le processus global demeure fragile et vulnérable face à la détérioration de la situation sécuritaire. Le consensus national sur la création des conditions sécuritaires et politiques, s'avèrent nécessaires pour la tenue des prochaines élections.
Yves Paul Léandre
HPN
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