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Haïti-Presse : Dans un état violent, impossible pour les médias de promouvoir une culture de la paix, selon Hérold Toussaint


Intervenant au colloque organisé par la Radio et Télévision Nationale d’Haïti (RTNH), sous le leadership éclairé de la Commission Technique de Restructuration des Médias d’État, le professeur d’université et docteur en sociologie, Hérold Toussaint, a affirmé d’entrée de jeu que "notre État est violent".

 

Il a expliqué que, depuis deux siècles, Haïti vit dans un système étatique qui ne prend pas au sérieux les plus vulnérables de la société : les pauvres, les femmes, les enfants, les laissés-pour-compte.

 

"Nous vivons dans un État qui, au lieu de servir la nation, semble parfois lutter contre elle. Un État qui humilie, un État qui méprise", a martelé le professeur Toussaint devant un public compact composé majoritairement de journalistes, de membres de la société civile et de représentants des corps constitués de l’État.

 

Le sociologue a poursuivi en posant une question centrale : comment un État qui n’offre pas de services de base, même lorsqu’il en a les moyens, un État qui n’assume pas ses responsabilités, pourrait-il prôner la paix, alors même que les médias d’État cherchent à en donner le ton ?

 

"Quel est, en vérité, le rôle de l’État dans une société moderne ?", s’est-il interrogé

Selon lui, ce rôle consiste d’abord à répondre aux besoins fondamentaux des citoyens, à protéger le territoire, à garantir la sécurité, et à faire tout ce qui est nécessaire pour assurer la survie de la communauté historique – une expression sur laquelle il a insisté à plusieurs reprises.

 

 "L’État a le devoir de permettre à ses citoyens de vivre ensemble, en paix, dans une continuité, dans une mémoire partagée, dans une nation en devenir", a-t-il soutenu.

 

Et maintenant qu’on demande aux médias de promouvoir une culture de la paix, le professeur Toussaint reconnaît que c’est une tâche "très difficile".

 

Il propose d’aborder cette problématique à partir de la vérité :D’abord, l’État face à la vérité. Puis, les citoyens ; enfin, les journalistes haïtiens face à la République. "Quel est notre rapport à la vérité ? Avons-nous peur de l’avenir ?", s’est interrogé l’universitaire.

 

Selon lui, parler de sécurité implique aussi de parler de la vérité, de la peur de la vérité, et de ce qu’il appelle les passions haïtiennes – notamment les passions politiques haïtiennes.

 

Le professeur Toussaint plaide pour une "petite vérité" : une vérité peut être incomplète, mais accessible et nécessaire. Alors que le pays s’achemine vers de possibles élections dans les mois à venir, il interroge :

 

 "Quel sera notre rapport à cette vérité politique ? Qu’est-ce qui nous empêchera d’en favoriser l’éclosion ? Qu’est-ce qui nous empêchera d’ouvrir la porte à la vérité ?"

Il a tenu à préciser qu’il intervenait non pas en tant que journaliste, mais en tant que professeur de sociologie de la communication et des médias.

 

Son exposé, très applaudi, a suscité de nombreuses réactions dans la salle, mettant en difficulté les modérateurs Yves Paul Léandre, Directeur Éducatif et Culturel à la TNH, et Lynella Sandra André, présentatrice de nouvelles à la télévision nationale, tant les questions fusaient de toutes parts.

 

Ce panel, articulé autour du thème "La responsabilité des médias publics dans la promotion d'une culture de la paix", a réuni plusieurs voix influentes du paysage médiatique haïtien.

 

Parmi les intervenants, Gotson Pierre, directeur d'Alter Radio (Groupe Médialternatif), a souligné deux enjeux majeurs : La nécessité d'une rigoureuse vérification de l'information, l'impératif d'une couverture médiatique réellement nationale par les médias d'État.

 

De son côté, Joseph Guyler C. Delva, ancien ministre et secrétaire général de S.O.S. Journalistes, a recentré le débat sur les fondements éthiques du journalisme et la responsabilité de l'État dans la protection des professionnels des médias.

 

Ce dernier a notamment évoqué le cas emblématique de l'Hôpital de l'Université d'État d'Haïti (HUEH, décembre 2024), où l'implication des autorités avait marqué un précédent positif dans l'accompagnement des journalistes victimes d'incidents violents.

 

Ces interventions ont enrichi la réflexion sur l'articulation complexe entre médias publics, éthique professionnelle et construction de la paix dans un contexte national fragile.

 

Yves Paul LEANDRE 

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