Haïti est grand par son Histoire, mais un État nain et une marionnette aux mains d’une poignée de nantis, alliés à des politiciens, à des fonctionnaires corrompus et à l’international qui le manipulent et l’exploitent à leur guise. C’est pourquoi le peuple a raté un ensemble d’occasions de changement, par exemple : 1986, 1994 et 2010. Ces occasions ratées ont accouché des pires cauchemars. En moins de 40 ans, la chute est rapide et brutale : destruction de l’image, des richesses, des valeurs, de la citoyenneté, des institutions républicaines, etc. Pour y remédier, il faut prendre le taureau par les cornes, loin des manœuvres politiciennes et des apparences trompeuses. Ce qui requiert aussi une idéologie et un leadership.
En ce temps tumultueux, complexe et exceptionnel, des hommes et des femmes exceptionnels capables de faire l’Histoire et rompre avec le statu quo politique, social, éducatif, économique semblent faire grand défaut à Haïti. En leur absence et dans une telle circonstance, le peuple est le détenteur du bistouri pour réaliser l’opération chirurgicale qui place les bonnes personnes à la place qu’il faut, capables de faire renaître le pays de ses cendres et de l’élever dans le concert des nations. Deux mesures urgentes : a) la démission ou le renvoi de l’actuel gouvernement, puisque celui-ci non seulement se montre incapable de délivrer, mais aussi persiste à faire la sourde oreille aux attentes du peuple, comme s’il avait un autre agenda ; et b) la constitution d’un conseil d’état de sept (7) membres, formé de dignes représentants de la paysannerie, de la société civile, du secteur privé, du secteur éducatif, du secteur politique, du secteur religieux et du secteur syndical, moyennant une vigilance à la loupe de tout le processus par le secteur de la communication.
Pour cela, le peuple souverain avisé est représenté par une cellule de crise, composée du doyen en âge de la Cour de Cassation, du représentant le plus âgé de la CORPUHA, de celui des droits humains et de deux autres personnalités indépendantes, crédibles et bien connues, qui ont pour devoir de répondre à l’appel de l’histoire. Elle dispose d’une à deux semaines pour former le Conseil d’État. Elle définit un cadre de prise de décision, incluant un mécanisme pour collecter les propositions de noms, analyser les dossiers, vérifier les informations, publier les noms retenus et installer le Conseil d’État. Elle agira conformément à ces critères, principes et valeurs : nationalité, patriotisme, intégrité et moralité (des hommes et des femmes non dénoncés par la clameur publique et sur lesquels il n’y a pas de dossier compromettant), engagement social, compétences et expériences professionnelles, connaissance de l’administration publique, sens du devoir et de l’honneur, capacité de travailler en équipe, etc. Chacun doit être légitimé par au moins 25 % des personnalités morales de leur secteur d’appartenance respectif, mais reconnues par l’État, ayant plus de 10 ans d’existence et jouissant d’une certaine notoriété.
Le mandat du Conseil d’État durera au grand maximum un (1) an, et consiste en particulier en ces trois (3) priorités : a) apaisement social ; b) sécurité ; et c) tenue d’élections générales.
Abner Septembre
Sociologue, 15 Septembre 2022
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