Dans le cadre la réunion spéciale du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Ambassadeur d'Haïti auprès des Nations Unies a décrit Haïti comme une nation au bord du gouffre, assiégée par des gangs armés dont les actions criminelles plongent des milliers de familles dans une détresse insoutenable. Meurtres, enlèvements, incendies, et autres actes de violence aveugle ont contraint des populations entières à fuir, abandonnant tout derrière elles.
Face à ce tableau sombre, le diplomate haïtien a appelé à une action rapide et décisive de la communauté internationale. Il a plaidé pour la transformation de la Mission de soutien à la sécurité (MSS) en une mission d’opérations de maintien de la paix (OMP) sous l’égide des Nations Unies. Cette transformation, selon lui, est essentielle pour mobiliser des ressources suffisantes et doter les forces en présence d’un mandat robuste capable de rétablir l’ordre et la sécurité.
Une situation sécuritaire critique. Dans son intervention, l’ambassadeur a déploré la montée en puissance des gangs armés qui contrôlent désormais des zones autrefois épargnées, telles que: Canapé -Vert, Delmas et Carrefour-Feuilles. Ces groupes criminels, mieux armés que les forces de l’ordre, sèment la terreur à travers des actes d’une violence inouïe.
Il a également évoqué les impacts collatéraux de cette violence : la fermeture du principal aéroport international de Port-au-Prince, paralysant les déplacements, et provoquant des milliers de déplacés fuyant des quartiers en proie à l’insécurité, comme Solino et Christ-Roi.
Pour Antonio Rodrigue, la situation actuelle dépasse les capacités locales. Il a souligné que les ressources humaines et financières actuellement déployées, notamment les 430 soldats sur le terrain, sont largement insuffisantes. Une force internationale plus conséquente – estimée à au moins 2 500 hommes serait nécessaire pour freiner l’avancée des groupes armés.
Ce plaidoyer s’inscrit dans une demande officielle du gouvernement haïtien, soutenue par des organisations régionales telles que la CARICOM et l’Organisation des États américains (OEA), pour que la MSS soit convertie en une véritable mission de maintien de la paix.
L’Ambassadeur Rodrigue a insisté sur l’importance de cette intervention internationale pour restaurer l’État de droit, désarmer les groupes armés, et redonner confiance à une population épuisée par des années d’instabilité. « Il ne s’agit pas seulement de rétablir l’ordre public, mais de sauver des vies, de reconstruire des institutions démocratiques, et de poser les bases d’un avenir meilleur pour Haïti », a-t-il déclaré.
Antonio Rodrigue a conclu son discours en appelant le Conseil de sécurité à faire preuve de solidarité et de détermination. « Haïti est à la croisée des chemins. La communauté internationale doit agir maintenant pour éviter une détérioration irréversible de la situation, qui aurait des répercussions bien au-delà des frontières haïtiennes.
Yves Paul LEANDRE
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