À l’instar du monde entier où tant de métiers disparaissent et/ou sont en voie de disparition avec l’évolution du temps et de la réalité technologique, Haïti constitue l’un des pays qui ne sont pas épargnés. Beaucoup de petits métiers ou encore des activités de survie typiques à l’haïtienne ont disparu dans la nature, sans que la société ne s’en rende même pas compte. Même les cireurs de bottes deviennent de plus en plus rares

, constate Haiti Press Network.
C’est le cas par exemple de nos fameux « kole-boyo » vulgairement appelés ainsi dans les années 80, qui ne sont plus remarqués aujourd’hui en activité. Ces gens, généralement de sexe masculin, remarqués à Port-au-Prince comme dans les villes de provinces, se promenaient à longueur de journée dans les quartiers populaires avec du feu dans une marmite en tôle et des fers plats chauffés à blanc. Ils offraient des services monnayés de recollage et de raccommodage de sandales usagers, mais aussi des récipients cassés (cuvettes) fabriqués avec des matières à base de plastique.
« Les temps ont changé. Les humains ont évolué aussi avec les temps. Contrairement à autrefois, les gens se chaussent de moins en moins aujourd’hui avec des « boyo » (sorte de chaussures fabriquées à base de caoutchouc). En plus, ils deviennent plus éclairés. Donc, cette activité de survie ne marchera pas de nos jours », a signalé Robert, un ancien « kole-boyo » partiellement édenté mais jovial et souriant.
Originaire de Petite Rivière des Nippes où, nous a-t-il confié, il n’a pas mis les pieds depuis des années pour des raisons personnelles, Robert, ex kole-boyo dans le temps, s’est plutôt converti depuis quelques années, nous a-t-il dit, en casseur de pierres pour en préparer des graviers servant dans la construction.
« Je suis comme ça de nature. Malheureusement, je ne sais ni lire ni écrire. Je n’ai pas eu cette chance, mais je n’aime pas rester les bras croisés sans rien faire », a soutenu notre interlocuteur.
C’était l’occasion pour celui-ci, interrogé en pleine activité près d’une ravine à Pélerin 3, quartier situé dans la commune de Pétion-Ville, de devoir nous rappeler d’autres métiers à but lucratif qui ne sont plus de mise dans la société, alors que l’on savait bien se débrouiller tant bien que mal avec.
Outre le métier de « kole-boyo » pratiqué pour empocher quelques sous, il nous a rappelé par exemple d’autres activités disparues telles que: le repassage des cheveux (activité féminine), les acheteurs et revendeurs après réparation, de vieux réchauds, les acheteurs des bouteilles de cola, ceux des cabanes usagers en fer forgé pour ne citer que celles-là.
Des activités pour la plupart, soulignons-le, les pratiquants avaient eu une manière plutôt plaisante de signaler leur passage comme : « vyeee rechooooo m achteeeeee, m repare yo », ou encore « euhhhhhhh ! » d’une voix à la fois grave et aigüe pour les acheteurs de bouteilles de cola, sans oublier ces fameux acheteurs de : « bwa kad, kabann an fè m achteeeee ».
Steff Joinvil, un mémérant en sociologie à qui, HPN a eu des échanges à cette fin, croit qu’effectivement les choses évoluent avec le temps et les mutations. Nonobstant, en ce qui a trait à la réalité haïtienne, ce futur sociologue pense autrement.
Selon lui, au fur et à mesure que la réalité socio-économique délétère se complique et que les vices et les mauvaises mœurs s’imposent dans la société, les gens ont plutôt tendance à se verser dans la facilité pour gagner de l’argent. Et, laisse-t-il comprendre, les commerces de rue en fait bien partie. D’où, estime-t-il, ce désordre et cette anarchie dans presque toutes les rues de capitale et d’autres grandes villes du pays. Cependant, ce dernier n’ignore pas non plus l’irresponsabilité de l’État, notamment nos dirigeants qui se sont succédé durant ces 40 dernières années.
Alix Laroche
HPN
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