Par Alix LAROCHE
Depuis près de quatre ans, la réalité quotidienne effrayante des Haïtiens, notamment ceux qui vivent encore dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, n’est autre que cauchemardesque. L’insécurité instaurée dans tous les coins par des civils lourdement armés, limite considérablement les déplacements des uns et des autres, y compris ceux qui sont au pouvoir, placés pourtant pour résoudre ce problème lassant qui perdure. Remous incontournables de l’actualité, l’insécurité devient tout simplement notre pain quotidien. Mais un mauvais pain. Alors que la population ne consomme que ça, du lever au coucher du soleil, constate Haiti Press Network.
Si des autorités qui sont censées être au timon des affaires pour apporter des solutions urgentes à des problèmes récurrents, particulièrement l’insécurité qui perturbe la vie, handicape les activités de plusieurs millions d’habitants, lesquels semblent définitivement n’avoir pas droit à un instant de répit, ne peuvent pas fréquenter des zones rouges contrôlées par des bandes armées, que dire de la population à mains nues qu’est obligée de s’aventurer quotidiennement, au cœur d’une telle galère, dans cette quête perpétuelle de survie interminable. Les « no man’s land » se multiplient de crépuscule en crépuscule, d’aube en aube.
Après Martissant, Plaine du Cul-de-Sac, Croix-des-Bouquets, les communes de Carrefour et de Gressier viennent allonger la liste des zones de non-droit. « Des territoires perdus » comme disait l’ex-ministre Emmelie Prophète Milcé. Ce qui laisse déduire que l’État s’en foutre de ces lieux conquis par des hommes armés qui y font la loi et qui imposent leur hégémonie à une population livrée à elle-même.
Un récent rapport du BINUH relatif à la situation sécuritaire, fait état d’au moins 1.807 victimes de meurtres, des blessures et des enlèvements au cours du deuxième trimestre de 2024. Les violences sexuelles et recrutement d’enfants dans les groupes armés ont augmenté également, a relaté ce même rapport du BINUH.
Dans un tel contexte, circuler dans ce qui reste de la capitale haïtienne, devient depuis un certain temps, un exercice à haut risque ; tellement la sécurité des gens, n’est pas garantie. Petits et grands, jeunes et vieux sont confrontés constamment au quotidien à des pires moments de leur vie, même avec les forces de l’ordre, qui devaient cependant inspirer un minimum de confiance.
Devenant malheureusement et tristement notre pain quotidien, la pression armée pour payer son passage dans des artères tant sur des routes nationales, que dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. Ce, quand ce ne sont pas des enlèvements contre rançons, des assassinats crapuleux, ou encore des familles en détresse contraintes de quitter leur demeure pour fuir la fureur des groupes armés qui font sans cesse résonner, tels de véritables concerts de cartouches, leurs grands calibres automatiques.
Outre ce mauvais pain quotidien que l’État haïtien et ses dirigeants irresponsables nous obligent à gober depuis tantôt quatre années, il y a de ces scènes bouffonnes, où l’on assiste des autorités bien entourées, disposant de tout en termes de sécurité, qui prennent la poudre d’escampette pour des bandits qui tirent dans leurs parages.
En témoignent donc les images qui deviennent virales sur les réseaux sociaux, où policiers bien armés, agents de sécurité rapprochés du Premier ministre Garry Conille et agents des forces étrangères, accompagnant le cortège du chef du gouvernement en visite à la rue Saint-Honoré hier lundi 29 juillet, ont pris leurs jambes à leur cou, pour échapper à une attaque armée de bandits qu’ils entendent pourtant éradiquer.
En effet, le sort de la population haïtienne ces quatre dernières années, se résume à l’esclave qui soupire après l’ombre, à l’ouvrier qui attend son salaire. Les deux ont pour partage, que des mois de douleur et des lots de jours et de nuits de souffrance. A quand la fin de ces maux ? Seul l’avenir dira le reste.
Alix Laroche/HPN
Photo : Archives Google
Comments