Depuis le début du mois de décembre 2022, les hommes armés illégaux qui s’affrontent sans mobiles apparents depuis près de deux années consécutives et qui règnent en toute impunité dans la 3e circonscription de Port-au-Prince, notamment à Martissant, ont annoncé avoir fait la paix entre eux. Cependant, de nombreuses familles qui avaient fui leur demeure pour éviter d’être victimes de feux croisés semblent ne pas faire foi à cette paix annoncée pour une énième fois par les groupes armés qui opèrent dans ce bidonville surpeuplé de la capitale, constate Haiti Press Network.
« J’ai été voir la maison où j’habitais avec ma famille en face de Martissant 23 et que j’étais contraint de quitter pour prendre refuge au Centre sportif de Carrefour depuis tantôt 18 mois, le constat que j’ai fait ne me donne pas l’envie d’y retourner. La zone est déserte et complètement abandonnée. Beaucoup de maisons de familles sont enterrées sous des couches de boue et de fatras. Aucune présence policière n’est remarquée. Alors que, les hommes armés sont encore sur pied de guerre dans les parages », a déclaré un citoyen qui a fui sa maison depuis le 2 juin 2021, en raison des conflits opposant les groupes armés rivaux.
Madame Alphonse qui, elle aussi, a été interrogée par des confrères au Centre sportif de Carrefour, ne compte plus jamais retourner à Martissant. S’étant rendue dans cet abri les bras ballants pour ne pas quitter sa peau en 2021, elle souhaite que les autorités concernées ou quelques bons samaritains lui viennent en aide aux fins de pouvoir payer le loyer d’une maison dans une autre zone moins dangereuse que Martissant. Car, explique-t-elle, la situation difficile dans laquelle elle vit au Centre sportif est indescriptible.
« Je ne vais plus retourner à Martissant. J’ai vécu l’enfer dans cette zone. Une balle perdue avait transpercé le toit en tôle de ma demeure et a failli me tuer. Je suis traumatisée. Que les bandits de cette zone déposent ou remettent leurs armes, c’est une affaire qui les concerne. Je ne vais pas y retourner. Dieu m’a déjà tracé un autre chemin », a soutenu Mme Alphonse.
Christiana, refugiée également au Centre sportif de Carrefour qui, apparemment, ne sait à quel saint s’adresser, serait prete à retourner chez-elle à Martissant. Mais elle souhaite, à l’instar du citoyen qui a sa maison en face de Martissant 23, que l’État prenne ses responsabilités et garantisse une certaine quiétude d’esprit dans cette zone, où déjà, les conditions socio-économiques se révèlent d’une précarité innommable.
« Comment avoir la garantie de retourner vivre dans cette zone en toute quiétude, alors que les policiers eux-mêmes ne sont pas retournés dans les sous-commissariats de Martissant 1, de Grand-Ravin et de l’Habitation Leclerc à Martissant 23 ? Je n’ai pas d’autres abris que celui disponible à Marissant. J’ai bien envie d’y retourner, mais je n’ai aucune garantie de paix vraiment. Car, ce n’est pas la première fois que les bandits annoncent cette paix », s’est plainte Christiana qui, toutefois, dit avoir applaudi cette décision, tout en souhaitant qu’elle soit sincère.
En effet, joint au téléphone, un citoyen qui habite encore malgré lui à Martissant avec sa famille, a informé à HPN avoir vu effectivement des gens des trois principaux groupes armés de Martissant à savoir : Village de Dieu, Gran-Ravin et Ti bwa, se réunir pour faire la paix.
« Les groupes qui ont eu des différends se retrouvent ensemble. Armes de guerre en exhibition certes, mais sans animosité. Ils boivent de l’alcool. Ils font résonner leurs armes de calibres divers, mais cette fois-ci c’était des tirs en l’air pour célébrer cette paix », nous a raconté le citoyen qui a requis l’anonymat.
Si les chefs de gangs se sont rencontrés de façon spectaculaire dans ce banlieue relégué à l’arrière-plan par l’État, néanmoins, nombreux sont ceux qui doutent encore de cette paix quand on sait que les hommes armés détiennent encore leurs armes de guerre ainsi que leurs minutions pour le malheur de la population. D’ailleurs, il est bruit que des actes irrépréhensibles sont enregistrés même durant cette période de paix.
Alix Laroche
HPN
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