Par Alix LAROCHE
La violence des gangs armés, accélérée depuis la fin du mois de février 2024, laisse la région métropolitaine de Port-au-Prince, notamment le centre-ville, dans un état désert et de délabrement avancé. Une véritable savane désolée. Des espaces, autrefois très fréquentables et fréquentés sont devenus, presqu’inaccessibles avec des tas d'imondices, de carcasses de toutes sortes qui enlaidissent plutôt une capitale haïtienne, considérée ces derniers temps comme une porcherie, bref : un véritable repaire de bandits, où tous les crimes inimaginables sont permis aux sans foi ni loi, constate Haiti Press Network.
« Depuis janvier 2024, je n’ai pas fréquenté le Centre-ville de Port-au-Prince. J’avais peur d’être victime en ce lieu pris en otage par des bandits. Pourtant, je le fréquentais régulièrement, en raison de mes besoins à la Banque de la République d’Haïti (BRH). Après environ six mois que je n’ai pas mis les pieds là-bas, j’ai pris la chance d’y aller hier mardi et j’ai été stupéfait de constater l’état lamentable du Centre-ville. J’ai failli pleurer amèrement, avec la tristesse qui m’a envahie », a raconté un employé de l’État qui était en conversation amicale avec un collaborateur de HPN.
En effet, ce fonctionnaire public qui a requis l’anonymat, n’est pas la seule personne à avoir déploré l’abandon, par les autorités concernées, de plusieurs espaces habitables de la Capitale aux malfrats armés. La ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Emmelie Prophete avait qualifié ces espaces de « territoires perdus ».
Des territoires qui restent jusqu’à présent, en dépit des changements opérés au sein du personnel de la gestion de l’État, perdus selon toute vraisemblance ! Le nouveau commandant en chef de la Police nationale d’Haïti, Rameau Normil a, lors d’une rencontre avec la presse récemment, fait état d’un total de sept (7) communes de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince complètement livrées aux bandits, sans la moindre présence des forces de l’ordre.
L’état désastreux et vertigineux de divers endroits de la région métropolitaine de Port-au-Prince, particulièrement du centre-ville, considéré jadis, comme étant le poumon économique du pays, laisse déduire que ces territoires semblent définitivement être vraiment perdus, en attendant la conquête d’autres espaces par les gangs qui deviennent de plus en plus puissants, quand on tient compte de la lenteur animant les efforts tant au niveau des autorités locales, que de la solidarité internationale.
On se demande perplexe où est passé le projet d’assainissement de la ville lancé par le Conseil présidentiel de transition, bien avant même la prise de fonction du Premier ministre Garry Conille.
La population attend des signaux clairs montrant la détermination des autorités et des efforts déployés pour enrayer ce phénomène d’insécurité démoniaque instauré par les groupes armés.
En effet, le mardi 9 juillet en cours, accompagné du Conseiller présidentiel, Louis Gérald Gilles, du directeur général de la PNH, Rameau Normil, le Premier ministre, Dr Garry Conille a visité la rue Saint-Honoré, notamment ce qui reste des espaces où loge l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), après que, a-t-on informé, la police ait pris le contrôle de l’hôpital général, dysfonctionnel depuis l’escalade de violences des gangs et qui a servi de cachette aux bandits depuis tantôt quatre (4) mois.
Alix Laroche/HPN
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