Haïti-Insécurité : Des explosions entendues à Port-au-Prince, les fiefs de gangs armés ciblés par des drones piégés

C'est la descente aux enfers à Port-au-Prince. De fortes explosions ont été entendues ce mercredi à l’entrée sud de la capitale. Des riverains confirment à HPN que ces détonations proviennent de la 3ᵉ circonscription de Port-au-Prince. Des images choquantes illustrent la brutalité de la crise sécuritaire qui ravage le pays. Mais cette violence est-elle celle d’une capitale en état de guerre ?

Les zones de Gran Ravin et Village de Dieu sont entièrement contrôlées par des groupes armés, qui poursuivent leur expansion en terrorisant la population par des enlèvements et des massacres quasi quotidiens. Lourdement armés, les gangs défient l’État, contrôlent des axes stratégiques et imposent leur loi dans plusieurs quartiers, notamment Bas Peu-de-Chose et jusqu’à Turgeau.

Christ-Roi et Nazon continuent d’être attaqués, tout comme Godet et Delmas 32. À Bourdon, des résidents paniqués s’entassent les uns sur les autres pour tenter de monter vers Pétion-Ville, cherchant désespérément à échapper aux gangs. C'est comme s'ils savaient quelque chose que nous ignorons ou refusons d'admettre. La peur, palpable, se lit sur les visages, tandis que des familles entières fuient sans savoir si elles reverront un jour leurs maisons.

Cette violence n’épargne aucune institution publique. La DGI de l’avenue Christophe s’apprête à déménager, tandis que la CAS a déjà vidé les lieux. La DGI de Delmas 19 est contrainte d’abandonner ses locaux. L’État peine à affirmer son autorité face à ces bandes armées qui fonctionnent comme de véritables forces paramilitaires. Dans d’autres contextes, une telle situation serait qualifiée de guerre asymétrique ou de conflit interne.

Alors, Port-au-Prince est-elle en guerre ? Si la définition classique ne s’applique pas, les faits, eux, suggèrent une violence d’ampleur comparable à celle d’un conflit armé.

Yves Paul LÉANDRE