Livré définitivement par les autorités constituées aux bandits armés qui sèment la mort, le deuil et la tristesse dans l’aile sud de la capitale haïtienne, cet espace qui fait partie de la 3e circonscription de Port-au-Prince, ressemble étrangement aujourd’hui, à un endroit meurtri par la guerre et abandonné comme un vieux désert isolé et diabolique, a constaté Haiti Press Network.
De Portail Léogâne jusqu’à Fontamara 43, on ne reconnait presque plus le Boulevard Jean-Jacques Dessalines. Ce tronçon de route est tristement recouvert des montagnes de fatras en décomposition, des piles de terre où poussent des herbes sauvages et des arbustes, des tonnes de boue, d’alluvions, d’eau puante et stagnante qui s’installe comme une véritable rivière dans des nids-de-poule et des trous remarqués quasiment sur toutes les parties de la surface de cette voie publique.
Pour être plus précis, il faut dire que Portail Léogâne, où il y avait eu habituellement beaucoup d’activités, n’existe aujourd’hui que de nom. D’ailleurs, ensablée et engorgée de fatras de toutes sortes jusqu’à la surface, une bonne partie de la ravine Bois-de-Chêne a fini par faire un seul avec le tronçon de route qui débouche sur le Boulevard Harry Truman (Bicentenaire), en face de l’entrée principale du quartier Village de Dieu, devenu tristement célèbre ces dernières années.
Plus loin, au niveau des Avenues Bolosse, particulièrement la 1ère Avenue et la rue Alerte, la situation se révèle encore pire. Les montagnes d’immondices sont installées jusqu’à 4 mètres de haut sur la chaussée. Quant aux eaux boueuses qui s’y installent, n’en parlons pas. D’ailleurs, il n’y a aucune possibilité pour un conducteur de véhicule d’emprunter la rue Alerte, complètement obstruée par une pile de fatras et de boue en décomposition.
Ce qui constitue une sérieuse entrave à ce qui reste de la circulation automobile et piétonne en ces lieux. Des lieux où, depuis quelque temps, la vie est perpétuellement terne et que l’existence de l’être humain ne tient qu’à un bout de fil. Des lieux éloignés contre leur gré, par de nombreux résidents fuyant l’insécurité dans ce repère de bandits. Des lieux de non droit contrôlés par des hommes armés sans foi ni loi qui rançonnent quotidiennement passagers et chauffeurs de tap-tap qui effectuent le trajet Martissant, Fontamara, Carrefour et centre-ville. Mais aussi des véhicules de transports publics qui prennent la direction de Léogâne, de Grand-Goâve, de Petit-Goâve et des quatre autres départements du Grand Sud.
Paradoxalement, au milieu de cette galère de ce « territoire perdu » comme l’accepte la ministre a.i. de la justice, quelques rares personnes n’ayant nulle part où aller et qu’on pourrait considérer comme des résignées, se débrouillent tant bien que mal pour essayer de joindre les deux bouts de la chaîne en ces temps économiquement moroses et difficiles.
À bien observer cette vue désolante et affligeante de l’aile sud de Port-au-Prince, on se demande un peu perplexe avec presque larmes aux yeux, si les responsables de ce pays n’ont jamais éprouvé un sentiment honteux comme tous les humains normaux ?
Texte et Photos : Alix Laroche
HPN
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