Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies s’est réuni lundi, à New York, autour du dossier d’Haïti. En présence du Ministre haïtien des Affaires étrangères, Jean Victor Généus, la Représentante du Secrétaire général de l’ONU en Haïti et Cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), Helen La Lime a présenté un bilan de la situation explosive en Haïti où le pays est à sa première journée de grève générale après une semaine « lock » (fermée).
Selon Mme La Lime, Haïti fait face à 3 crises simultanées : crise économique, flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant souvent disponible uniquement sur le marché noir, et les acteurs politiques peinent toujours à trouver un terrain d'entente pour la route vers les élections.
Haïti perd 600 millions de dollars par an, en recettes douanières non perçues, a déclaré la cheffe du BINUH au Conseil de sécurité de l'ONU. Elle dit qu'entre juillet et août, les recettes douanières ont été multipliées par 5, grâce aux efforts récents du Gouvernement haïtien dans les ports.
Pour sa part, le Ministre haïtien des Affaires étrangères, Jean Victor Généus, déclare qu’Haïti risque de perdre 12,000 emplois supplémentaires, après que le parc industriel de Caracol a annoncé qu'il ne pouvait pas fonctionner en raison d'un manque de carburant. Le ministre affirme que la réouverture des écoles le mois prochain, parait incertaine. Le gouvernement compte beaucoup sur l'aide de la communauté internationale, a déclaré le chancelier haïtien au Conseil de sécurité de l'ONU.
En s'adressant au Conseil de sécurité de l'ONU, le ministre des Affaires étrangères de la République Dominicaine, Roberto Álvarez, a réitèré l’appel de son président Luis Abinader que son pays voisin ne peut plus attendre une réponse de la communauté internationale. La souffrance humaine en Haïti est indescriptible", a déclaré le ministre dominicain au Conseil de sécurité de l'ONU alors qu'il détaillait le blocage continu de Varreux par les gangs. Il dit que 400,000 personnes vivent à proximité et "nous devons éviter une tragédie à tout prix.
Le représentant du Canada a souligné au Conseil de sécurité que le contrôle des gangs haïtiens du palais de justice est presque une métaphore de l'effondrement de la loi et de l'ordre en Haïti. Le gouvernement d'Haïti a la date limite du 15 octobre pour soumettre au Conseil de sécurité de l'ONU ses plans pour la tenue d'élections. Un certain nombre de pays membres, dont la Norvège, l'ont souligné en appelant à des élections en Haïti.
Pour le représentant du Royaume-Uni c’est un appel à la reprise du dialogue politique en Haïti afin que des élections libres et équitables puissent avoir lieu. Le représentant du Kenya abonde dans le même sens, en appelant à former la police haïtienne pour lutter contre les gangs.
La veille de cette importante réunion, l'Administration Biden avait annoncé qu’elle allait faire pression pour que des sanctions sévères soient prises contre les chefs de gangs et leurs supporteurs. Ces sanctions cibleraient leurs ressources financières et des restrictions de voyager. Le gouvernement haïtien a pratiquement perdu le contrôle de la sécurité dans la nation des Caraïbes, et les responsables américains affirment que le pays a atteint une crise sans précédent depuis le début des années 1990.
Une délégation américaine est attendue cette semaine en Haïti pour rencontrer les acteurs politiques et le Premier ministre Ariel Henry autour d’un éventuel accord pour la stabilité du pays. Haïti a la date limite du 15 octobre 2022, pour soumettre au Conseil de sécurité ses plans pour la réalisation des prochaines élections.
YPL/HPN
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