Haïti-Artibonite : À Petite-Rivière, les familles fuient la violence dans un silence alarmant

De nouvelles violences armées enregistrées entre le 23 et le 30 mai ont entraîné le déplacement de 5 113 personnes, soit 1 244 ménages, dans le département de l’Artibonite, principalement dans la commune de Petite-Rivière, selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et de ses partenaires.

Ces nouveaux déplacements viennent aggraver une situation déjà critique, portant à 92 304 le nombre total de déplacés internes dans le département, soit une hausse de 9 % par rapport à décembre 2024. À elle seule, la commune de Petite-Rivière concentre la moitié de ces déplacements.

La majorité des personnes déplacées ont trouvé refuge dans la commune voisine de Dessalines, qui accueille 76 % des nouveaux arrivants. Parmi eux, 73 % sont hébergés par des familles d’accueil, tandis que 27 % se sont installés dans six sites spontanés, dont quatre ont été récemment créés. Ces mouvements s’ajoutent aux 16 056 personnes déjà déplacées au mois d’avril.

Les besoins humanitaires sont considérables. L’accès à l’eau potable, à l’alimentation, aux soins de santé et aux services de base reste limité. À Verrettes, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’organisation OPH ont distribué 638 kits d’abris d’urgence et de biens essentiels. À Saint-Marc, 250 autres kits ont été remis à des familles vulnérables.

Dans le domaine de la sécurité alimentaire, l’Hôpital Albert Schweitzer (HAS), en collaboration avec World Central Kitchen, a mis en place 14 cantines communautaires. À la date du 28 mai, plus de 56 000 repas chauds y avaient été servis. De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM), en partenariat avec GIRADEL, a distribué 32 095 repas chauds à environ 4 585 déplacés, tout en identifiant 989 ménages pour de futures aides monétaires.

Des efforts sanitaires sont également en cours. Des cliniques mobiles d’urgence mises en place par l’UNICEF et le HAS ont permis de soigner 3 100 personnes, dont plus de 1 100 enfants. À Verrettes, Liancourt et La Chapelle, 600 enfants de moins de cinq ans ont été traités pour des infections respiratoires aiguës. À Dessalines, des actions de prévention du choléra ont été menées, incluant la décontamination de logements et la distribution de 2 000 pastilles d’Aquatabs et 200 sachets de SRO.

Par ailleurs, 1 378 enfants ont été dépistés pour la malnutrition. En mai, 55 cas de malnutrition aiguë sévère et 110 cas de malnutrition aiguë modérée ont été pris en charge. En matière de protection, 10 espaces « amis des enfants » ont été installés, permettant d’offrir un accompagnement psychosocial à 875 enfants, dont 452 filles. Quatre cas de violences sexuelles ont été recensés, ainsi que 10 enfants en détresse psychologique sévère et 3 adolescents ayant été associés à des groupes armés.

La situation humanitaire reste particulièrement préoccupante à Petite-Rivière, qui reste l’épicentre de la crise dans l’Artibonite.

Mederson Alcindor

Haiti Press Network (HPN)