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Entre insécurité et négligence, le quotidien difficile des usagers bancaires en Haïti





Les clients des banques commerciales de la région métropolitaine de Port-au-Prince ont connu, ce lundi 5 mai 2025, une journée éprouvante. Alors que plusieurs succursales, dont celles de Frères, de la rue Panaméricaine à Pétion-Ville, ainsi que d’autres dans la capitale et au Bas de Delmas, sont restées fermées en raison de l’insécurité, les usagers se sont massivement dirigés vers les rares agences encore ouvertes, notamment celles de la rue Lamarre et de la rue Métellus.



Dès les premières heures, de longues files d’attente se sont formées sous une pluie persistante. Hommes, femmes et personnes âgées ont patienté debout, parfois sans abri, dans l’espoir d’accéder à des services bancaires de base. La fermeture de nombreuses succursales a provoqué un afflux exceptionnel, mettant à rude épreuve le personnel et les infrastructures des agences toujours en service.


« C’est toujours pareil. Même pour une simple opération, il faut perdre une demi-journée. Il n’y a pas assez de personnel, et le système est lent ou en panne », déplore Renald, un entrepreneur venu retirer un virement.



Malgré les discours sur la modernisation du secteur, l’expérience numérique reste très limitée pour les clients. Plusieurs d’entre eux dénoncent les pannes fréquentes des applications mobiles et l’impossibilité de consulter leurs comptes en ligne.


« L’application ne fonctionne que quand elle veut. Et quand elle bloque, impossible de joindre le service technique », explique Jenny, une étudiante de Delmas.


Autre source de frustration des frais bancaires jugés opaques et parfois injustifiés. De nombreux clients affirment ne pas comprendre certains prélèvements sur leurs comptes.


« Ils me prennent 500 gourdes chaque mois, et personne ne peut me dire pourquoi. Ce n’est pas normal », affirme Maxo, chauffeur de taxi-moto.



Face à cette situation, des voix s’élèvent pour réclamer une régulation plus stricte du secteur bancaire. Des clients et des économistes appellent à plus de transparence, à des services accessibles à tous et à des sanctions contre les pratiques abusives.


« Une banque n’est pas un luxe, c’est un service essentiel. Il est temps que les autorités imposent des standards minimaux », insiste Mireille Jean-Baptiste, étudiante en sciences économiques et militante activiste.


Avec la montée de la violence dans plusieurs quartiers de la capitale, des banques comme la BNC, la Unibank ou la Sogebank réduisent leur présence physique et ferment certaines succursales pour protéger employés et clients. Cette réalité met en évidence les limites du système bancaire haïtien, qui peine à s’adapter à un climat sécuritaire dégradé.


Alors que les institutions financières tardent à proposer des alternatives concrètes comme la digitalisation effective des services ou la mise en place d’agences mobiles, les citoyens doivent composer avec l’attente, l’incertitude et parfois les intempéries pour accéder à leur propre argent.



Mederson Alcindor

Haiti Press Network (HPN)

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