Dans une note publiée hier mardi, le Réseau National de Défense des Droits Humains a rapporté certains témoignages soulignant que l'opération "Bwa Kale" a eu, en seulement quelques jours, plus de résultats que toutes les opérations de police réunies. Ce sont plus d'une centaine de lynchages qui ont été enregistrés dans le pays depuis le début de cette opération, le 24 avril dernier, note l'organisation de droits humains, dans un rapport intitulé : « Le règne du Premier ministre Ariel Henry ou la fureur des bandes armées ». En effet, le 24 avril dernier, des agents de la PNH (Police Nationale d'Haïti) avaient intercepté un minibus de transport en commun à bord duquel se trouvaient 14 individus avec des armes et des munitions en leur possession. Ces derniers, qui étaient en route pour aller prêter main forte à leurs acolytes qui avaient attaqué durant la nuit le quartier de Debussy, allaient être maîtrisés par les forces de l'ordre mais des riverains de la zone, en colère, les ont lynchés avant de mettre le feu à leurs cadavres. Le RNDDH soutient que « Les médias sociaux ont contribué à la propagation rapide du lynchage et plusieurs membres de la population, la plupart armés d’armes à feu, de machettes et de pneus, ont commencé à rechercher les bandits armés, leurs proches ou toute personne soupçonnée de liens avec eux, afin de les lyncher. » Depuis, ce ne sont pas moins d'une centaine de personnes présentées comme des membres de gangs qui ont subi le même sort dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince, entre autres Pétion-Ville, Turgeau et Carrefour-Feuilles) ainsi que dans certaines villes de provinces. Le RNDDH évoque des menaces dirigées contre les personnes qui manifestent contre cette nouvelle forme de violence qui risque de plonger le pays dans un chaos définitif, soulignant que « certains estiment qu’en quelques jours, le mouvement Bwa Kale a obtenu plus de résultats dans la lutte contre le banditisme que toutes les opérations de police réunies ». Le RNDDH rappelle que « La foule, armée de machettes et d’armes à feu rares, ne peut venir à bout du banditisme que les autorités de l’État ont établi comme système de gouvernement depuis plusieurs années. Il faut toujours se rappeler que les bandits étaient armés par ceux qui doivent protéger la population haïtienne, avec des objectifs politiques et électoraux ». Pour le RNDDH, la volonté d’éradiquer le phénomène "du banditisme d’État" dans le pays doit être politique. Aussi, il invite les autorités à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour mettre fin à toutes les formes de violence dont est victime la population, soulignant qu'aucune société démocratique fondée sur le respect des droits humains ne peut être fondée sur cette spirale de violence.
DO/HPN
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