Dépassé par les événements après un an, le Kenya envisage de jeter l’éponge en Haïti faute de soutien
- Marvens Pierre
- 27 juin
- 3 min de lecture

Selon un article publié par Diario Libre ce 26 juin, le Kenya, engagé depuis près d’un an dans la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) en Haïti, envisage sérieusement de se retirer. Submergé par les difficultés sur le terrain et abandonné par une communauté internationale peu réactive, le pays africain estime qu’il ne peut plus continuer sans un appui concret.
Le président kényan William Ruto a adressé une lettre officielle au Conseil de sécurité des Nations Unies dans laquelle il exprime son inquiétude face à l’insuffisance des effectifs et des ressources financières disponibles, rapporte le média dominicain. D’après Diario Libre, seulement 40 % du personnel promis a été déployé et à peine 11 % des fonds nécessaires pour la première année de la mission ont été débloqués. Sur les 600 millions de dollars prévus, environ 68 millions ont effectivement été reçus.
Face à cette situation critique, Ruto a prévenu que son pays se voit "obligé de revoir son engagement" et appelle à une décision urgente avant l’expiration du mandat actuel. Il a également signalé que des contrats logistiques essentiels arrivent à échéance et que, sans directives claires du Conseil de sécurité, le Kenya ne pourra pas continuer à diriger cette mission.
Cette alerte survient, rappelle le journal, alors qu’une réunion du Conseil de sécurité est prévue ce lundi 30 juin, à l’initiative de la République dominicaine et du groupe A3++. Cette démarche diplomatique, soutenue par le président dominicain Luis Abinader et trois anciens chefs d'État, vise à relancer le débat international sur la situation sécuritaire en Haïti. La lettre dominicaine a même été adressée aux puissances disposant d’un droit de veto, telles que la Russie et la Chine, traditionnellement prudentes sur la question haïtienne.
Le temps passe, Haïti continue de sombrer dans le chaos. Les gangs armés contrôlent de larges territoires, notamment à Port-au-Prince, Kenscoff, Mirebalais et Saut-d’Eau. Plus récemment, La Chapelle, commune du département du Centre voisine de Saut-d’Eau, s’est vidée sous la pression des gangs, forçant près de 9 000 habitants à fuir, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Depuis le déploiement du premier contingent kényan le 25 juin 2024, plus d’un an s’est écoulé sans progrès significatif sur le terrain. Les violences se poursuivent, des territoires continuent de tomber sous la coupe des groupes armés, et la mission semble suivre le même chemin que les précédentes, à l’image de la MINUSTAH, partie en 2017, sans avoir stabilisé durablement le pays.
Par ailleurs, avec peu d’agents, avoisinant moins d’un millier déployé sur les 2 500 promis, deux policiers kényans ont été tués dans l’Artibonite, des véhicules blindés ont été incendiés et plusieurs agents ont été blessés dans le cadre de cette mission difficile.
Toutefois, des voix, tant au niveau international que national, s’élèvent pour réclamer une transformation de la mission actuelle en mission onusienne classique, qui pourrait, selon certains, être plus efficace. Mais des puissances comme la Chine et la Russie opposent leur veto, rappelant les échecs des missions passées et privilégiant une gestion de crise par les Haïtiens eux-mêmes.
À quel théâtre dramatique assisterons-nous dans les prochains jours ? Cap vers des élections et un référendum sans sécurité ?
Au milieu du chaos et de cette situation d’enfer, une population est asphyxiée. Pas de soins sanitaires, pas d'électricité : chronique d'une nation en détresse, prise au piège de la violence et de la mauvaise gouvernance.
Wideberlin Sénexant
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