Il y a vingt-six ans, soit en 1998, Mark Schneider, haut fonctionnaire de la USAID disait : « L’impossibilité pour les responsables politiques haïtiens de se mettre d’accord constitue une véritable tragédie ». Aujourd’hui, au plus haut sommet de l’Etat, les représentants de l’Exécutif spécial, composé du Conseil présidentiel de transition (CPT) et du Gouvernement, semblent avoir fait un acte de foi dans la discorde et la chamaillerie. En fait, la bande présidentielle à Leslie Voltaire et l’équipe de Garry Conille sont loin, très loin d’incarner les Hommes d’Etat dont le pays a besoin pour passer de l’Impasse transitionnelle au Boulevard démocratique.
Architecte de son état, le président du CPT ne semble disposer, à s’y méprendre, que d’un seul plan, égoïste au mieux, macabre au pire : chasser Garry Conille de la Primature. Le Premier ministre, lui, médecin expérimenté, plutôt que de chercher ou d’inventer la panacée nécessaire à la résolution de la crise multidimensionnelle, ne fait que poser des actes qui empoisonnent ses relations avec le Conseil présidentiel. Tout compte fait, le CPT et le Gouvernement sont aujourd’hui deux maladies qui se prennent pour des remèdes. Dans leur insignifiante guerre ouverte, ils ne font que maintenir Haïti dans l’état d’un pays ravagé par un cyclone permanent (pour reprendre les propos de Fidel Castro, 1998). En gros, ils ne font que renforcer la toute-puissance affirmée des gangs armés en affaiblissant, consciemment et sciemment, ce qui reste de l’État.
Ceux qui fondaient et fondent encore, naïvement, de grands espoirs sur cette transition se doivent de reconnaître qu’elle est déjà morte et que les bandits de toutes les espèces boivent déjà du champagne sur sa tombe. Dure vérité ! Et pourtant, les invisibles de Solino, de l’Arcahaie, du Fort National…, ceux-là que les ‘’dirigeants’’ ne voient pas, n’entendent pas, ne comprennent pas. Ceux-là, disions-nous, ont déjà tiré un trait sur le couple CPT-PM dont l’odeur du cadavre empuantit les fissures de leurs maigres espoirs de survie.
En s’engageant dans une lutte stérile et improductive pour un pouvoir qui n’est pourtant pas à prendre et qui, dans l’état actuel des choses, n’existe pas, le Conseil présidentiel et le Gouvernement ont signé, redisons-le, l’acte de décès d’une transition que les esprits lucides percevaient déjà comme un mariage morganatique. Puisque la politique n’est pas un cirque où viennent s’amuser les magiciens, aucun miracle de la résurrection n’est à espérer. Contrairement à ce que pensent les partisans du changement par l’instabilité, le salut n’est pas dans le remaniement ministériel ou présidentiel. Cette transition n’est qu’une catastrophe qui s’ajoute à nos malheurs.
Delenda Carthago est !
GeorGes E. Allen
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