Demande d'insertion
Par Jean Barnave CHERON, citoyen patriote, avocat
Agissons vraiment pour mieux communiquer. Si la communication est d’argent, l’action est d’or. Le vin est tiré, il faut le boire, car la boucle est bouclée de la pire des manières, à un moment où l’on croyait avoir droit à une lueur d’espoir. Pourtant, les agissements de ceux-là qui devraient inspirer confiance et qui donneraient de l’espoir, sont aux antipodes de la moralité, ils frisent l’insupportable. On dirait qu’il s’agit d’un pays de sourds, de muets, d’aveugles, de voraces, de rapaces, de malhonnêtes, de corrompus, d’inhumains, de traîtres, des dirigeants en transit. En réalité, nous sommes des parlants, des entendants, des voyants et des êtres humains, à l’instar des autres. Cependant, à la vue du niveau d’inhumanité dont font montre des dirigeants haïtiens, dans leur cruauté face à la misère des autres, nous avons la légitimité de nous questionner sur la santé mentale de ceux qui nous dirigent.
En effet, dans certaines démocraties du monde, en période électorale, on fait du porte à porte à la manière des témoins de Jéhovah, dans d’autres on fait de quartier en quartier, alors que pour la plupart on fait de ville en ville. Par contre, les plus pragmatiques pensent que le porte à porte est réservé à ceux qui ont du temps à perdre et qui, en réalité, ne font presque rien ou rien du tout. Quant à cette stratégie, de commissariat en commissariat, ça marche, le résultat est concret. Il n’y a pas de meilleur moyen que d’utiliser des nationaux, des dirigeants en transit pour détruire un pays, sans la participation visible des étrangers, des vrais faux amis. Si petit à petit, l’oiseau fait son nid, c’est parce qu’il a du temps devant lui, mais de maison en maison, de quartier en quartier, de ville en ville, cela ne marchera jamais, car le temps est compté si l’on ne veut plus compter des cadavres dans la Capitale devenue Port-au-Gang, dans la vallée de l’Artibonite en particulier, dans le pays en général avec le phénomène « Bwa kale », cette forme de justice populaire, faute de justice étatique.
Jacques VERGES, dans son ouvrage titré : « Dictionnaire amoureux de la justice », de manière ironique, a écrit : « On a le droit de tuer son semblable en le privant du pain, on n’a pas le droit de le tuer à coups de couteau ». Pourtant les souffrances de la faim et de la misère dépassent l’entendement en Haïti, elles font plus de morts que toutes les armes de destruction réunies. Selon le professeur Bertrand BADIE, la faim dans le monde fait plus de six millions (6,000.000.00) de victimes par an. En dépit de la monstruosité de la faim dans le pays, on n’en parle presque pas, étant donné que cela ne concerne que les sans-défenses, les laissez pour compte. La tendance, c’est d’aller vers la criminalité causée par des armes à feu et des armes tranchantes, comme si la catastrophe la plus destructive qu’est la faim n’était pas imputable aux dirigeants. C’est Von LISZT qui le dit « Une bonne politique sociale est la meilleure politique criminelle ». La politique sociale doit primer sur la politique criminelle, si l’on veut vraiment lutter contre la criminalité organisée.
Entre le mensonge de ceux qui nous gouvernent et la vérité de la rue, il y a une montagne de différences. Mais ce n’est pas une raison de dire adieu à la dignité, à l’intégrité et à l’honnêteté. Avec l’avancée fulgurante et exponentielle des technologies de l’information et de la communication, tout se sait, tout se voit, rien ne se cache, pas même le secret d’Etat, encore moins une politique de décadence. Vos actions et réalisations, lorsqu’elles sont visibles et profitables à la collectivité, parlent pour vous et tout le monde en parle. Inutile de prêter le flanc au chantage de toutes sortes. Lourdjina ETIENNE et Melchie Daelle DUMORNAY, dite Corventina, entre autres, n’ont rien payé à personne pour parler de leurs réalisations. Diriger un pays, est une lourde responsabilité, car on est au service des autres et non au service de soi-même. Tout dirigeant doit avoir un devoir d’ingratitude envers son secteur, une fois au pouvoir, pour pouvoir servir son peuple, le seul et unique patron à qui l’on doit rendre compte, si on ne veut pas finir dans la poubelle de l’histoire. Si quelque chose est sous contrôle dans le pays, le peuple ne le voit pas encore.
Si pour certains, la dignité, l’intégrité et l’honneur sont des valeurs cardinales, pour d’autres, au contraire, elles n’ont aucune importance. Pour illustrer ces propos, nous nous référons à la lettre de démission du 24 avril 2024, que nous considérons comme un repentir tardif. Votre lettre, Monsieur le Premier ministre, est aux antipodes de la vérité. Si Me Monferrier DORVAL n’était pas assassiné dans les conditions que l’on sait, il vous dirait que le pays n’était ni dirigé, ni administré lors de votre passage aux timons des affaires de l’Etat. D’aucuns diraient que votre administration, à tous les points de vue, a été un cuisant échec pour le pays. Comme des sourds et des aveugles, vous n’avez ni entendu les cris, ni vu les souffrances du peuple qui meurt de faim, vous vous contentiez seulement de ramasser des fortunes dans le trésor public, sans avoir la conscience que votre administration était une gabegie jusqu’ici inégalée. Il n’est pas de trop de rappeler à tous les dirigeants qu’au lieu d’être un gâteau, le trésor public est le patrimoine commun de tous les Haïtiens. Si la rapacité comme la voracité est un péché, l’enfer, vous y avez pensé, mesdames, messieurs les corrupteurs et corrompus?
En notre qualité de citoyen haïtien, nous avons le droit de vivre dans notre pays, nous avons aussi le droit de demander des comptes à tous ceux et toutes celles qui, à un moment ou à un autre, avaient la responsabilité de gérer la chose publique. Au risque de vous déplaire, permettez-nous d’analyser votre lettre de démission du 24 avril 2024. Mais avant de le faire, nous devons vous dire que votre lettre vous a trahi, elle donne aux Haïtiens la possibilité de savoir que vous êtes à Los Angeles, sans doute, aux Etats-Unis d’Amérique sans qu’on sache ce que vous y faites. Les mauvaises langues, sans doute, diraient que c’est sans votre consentement, puisque vous étiez à deux doigts du sol haïtien, dans le fameux pèlerinage aérien, sans qu’aucun Haïtien ne lève le petit doigt pour vous défendre, comme si vous étiez indéfendable. La haine du peuple est d’une férocité pire que votre inhumanité.
Monsieur le Premier ministre, la teneur de votre lettre agresse tout le peuple haïtien, vos acolytes exceptés :
« Je félicite tous les membres du gouvernement, les collaborateurs, l’administration publique, les forces de sécurité, toutes celles et tous ceux qui m’ont accompagné durant cette démarche patriotique », Sic.
Au risque de vous déplaire, votre démarche était très loin d’être patriotique. D’ailleurs, vous avez admis qu’il y avait des territoires perdus à quelques mètres du Palais National, au point où les criminels n’étaient même pas inquiétés, dans la Capitale comme dans l’Artibonite. Vous avez augmenté presque toutes les taxes, sous prétexte que vous alliez construire des écoles, des hôpitaux, des routes, mais en réalité, le pays n’a rien bénéficié. En ce qui concerne les forces de sécurité, dont la mission est de protéger les vies et les biens, on dirait qu’elles étaient fortes seulement avec les gens de bien et très faibles avec les criminels, à cause de votre politique de décadence. Elles étaient même considérées comme la proie facile des gangs armés qui fonctionnaient et fonctionnent encore en toute quiétude. Sur le plan sécuritaire, l’échec était cuisant. Votre démarche était antipatriotique, car rien n’a été fait en faveur de la patrie. Vous avez tout fait pour que le pays disparaisse, n’était-ce la résilience inégalée des Haïtiens. Vos propos sont donc aux antipodes de la vérité, ils dérangent. La démarche de votre gouvernement était très loin d’être patriotique.
« Nous avons servi la nation en des temps difficiles. Je remercie toutes celles et tous ceux qui ont eu le courage d’affronter avec moi de tels défis », Sic.
Les défis du moment à affronter étaient de mater les gangs armés qui terrorisaient et qui terrorisent encore toute la population, de combattre l’insécurité généralisée, le kidnapping, les assassinats, la destruction des biens, des institutions publiques et privées. Rien n’a été fait sous votre administration, sauf la gestion désastreuse du trésor public. Des hôpitaux, des pharmacies, des centres universitaires, des écoles classiques et professionnelles, des entreprises de toutes sortes sont pillés et incendiés, dans l’indifférence totale de votre gouvernement. La nation n’a pas été servie, malheureusement, PM.
« Je compatis aux pertes et aux souffrances endurées par nos compatriotes durant cette période », Sic.
C’est bien de compatir aux pertes et souffrances endurées par les Haïtiens durant votre gouvernance à la tête du pays, mais il aurait été mieux et utile de le faire au moment des faits, et non pas pendant que vous êtes en exil. La première mission de l’Etat est de sécuriser la population, car la sécurité est le premier des biens de l’homme. Vos compassions après coup ne valent rien, elles agressent les gens, de préférence, on les considère comme des insultes aux amis et proches des milliers de victimes. D’une façon ou d’une autre, tous les Haïtiens, qu’ils soient au pays, qu’ils soient à l’étranger sont des victimes de vos indifférences, de vos insouciances et surtout de la complicité des dirigeants avec les gangs armés. Le pouvoir ne donne pas que des avantages et privilèges, il responsabilise aussi. Vos compassions tardives sont comme des larmes de crocodile, monsieur le Premier ministre. Votre gouvernement, contre toute attente, a délibérément, fermé les yeux sur les pertes et souffrances des Haïtiens.
« Au nom du gouvernement, je remercie le peuple haïtien pour l’opportunité de servir notre pays avec intégrité, sagesse et honneur », Sic.
Probité intellectuelle oblige. Si vous avez eu la responsabilité de servir le pays avec intégrité, sagesse et honneur, mais vous ne l’aviez pas fait, pour le malheur d’Haïti. Le concept d’intégrité se mêle souvent à celui de responsabilité. Sur le plan individuel, une personne est dite intègre lorsque sa conduite et ses actes sont irréprochables, mais aussi lorsqu’elle est honnête envers elle. Il n’y avait aucun sens de responsabilité de votre gouvernement. De plus, votre conduite et vos actes avaient été reprochés à longueur de journée, au point où même votre défenseur le plus zélé, le triste personnage « Pa anmègdel », ne trouvait plus les arguments pour vous défendre. Il n’est pas du tout inutile de faire rappel aux protagonistes du butin que les portes des greffes du Parquet et du tribunal de première instance de Port-au-Prince sont ouvertes pour recevoir les plaintes, en dépit de la grève. De plus, il n’est pas sans importance de faire comprendre aux personnes qui se sentent lésées, par tel ou tel comportement, que les juges des réseaux sociaux et des medias traditionnels sont des juges émotionnels, ils jugent selon l’opinion publique, leur verdict est connu avant même le procès.
Si la sagesse est une vertu, un comportement juste, raisonnable. Vous n’en avez pas fait preuve dans la gouvernance du pays durant vos 32 mois passés à la tête de l’Etat. D’ailleurs, votre manière de quitter le pouvoir sans votre consentement en est la preuve. Selon le dictionnaire Le Petit Robert, le concept honneur signifie le fait de mériter la considération, l’estime (des autres et de soi-même) sur le plan moral et selon les valeurs de la société : dignité, fierté, estime, respect (de soi-même). Vous n’avez même pas eu le souci d’envoyer des messages de sympathie aux familles des victimes, lorsqu’elles en avaient vraiment besoin. Était-ce votre façon de manifester votre considération et votre estime à vos compatriotes ? Le gouvernement que vous avez dirigé a mis dans le panier de l’oubli le triptype intégrité-sagesse-honneur.
« Haïti renaitra », Sic.
Là, on est d’accord avec vous, car il y a des hommes et femmes haïtiens qui restent debout, qui sont dignes, intègres et honnêtes, qui ont la volonté de servir le pays avec amour et dévouement, afin qu’Haïti puisse renaitre de ses cendres. Oui, nous croyons fermement que ces Haïtiens existent, ceux qui sont en Haïti comme ceux qui sont à l’étranger. Bien sûr, il y a des hommes et femmes qui ne diront jamais non à la dignité, à l’honneur et à l’intégrité. Il faut l’amour du pays et la volonté d’y vivre, pour être un bon dirigeant. Haïti renaitra, bien sûr, avec ses fils et filles dignes, intègres et honnêtes.
« Vive Haïti », Sic.
Haïti, terre des libertés, la première République noire du monde vivra, mais sans vous, sans vos complices, sans les traitres à la nation que sont les rapaces et les voraces. Vive Haïti, c’est le cri légitime de tous les vrais Haïtiens.
En notre qualité de citoyen à part entière, le 26 avril 2024, au lendemain de l’installation du Conseil présidentiel de transition (CPT), nous avons jugé nécessaire de donner des conseils de bon sens aux membres du CPT, et nous leur avons dit : « Étonnez-nous. Sachez que des Haïtiens meurent de faim à cause de la voracité, de la rapacité et surtout de l’inhumanité de certains dirigeants sans scrupule. Epargnez le trésor public de nouvelles flottes de véhicules, il y en assez, voire trop, au Palais national comme à la Primature ». Pour le malheur du trésor public, nous n’avons pas été écouté, alors qu’on parle du détournement du fonds de renseignement alloué au Palais national et des millions par-ci, par-là, dans l’indécence la plus totale, comme si les institutions du pays étaient un gâteau à partager.
Le 25 mai 2024, à la suite des propos d’un journaliste de la place, qui s’apparentaient à la diffamation au préjudice de tout le CPT, à savoir : « 9 manb Konsèy la pataje lajan ransèyman Palè nasyonal la, chak jwenn 2,5 milyon goud. Moun ki pa pran pal la, vin demanti sa », nous avons encore jugé qu’il était impératif de défendre les Conseillers présidentiels, en leur demandant de poursuivre en justice celui que nous avons considéré, dans notre naïveté, comme un diffamateur négligent.
Etant donné qu’il était question de donner des conseils aux membres de CPT, dans la lettre du 25 mai, nous avons écrit : « Mesdames, messieurs les membres du CPT et du Gouvernement à venir, votre destin est devant vous : sortir la tête haute ou finir dans la poubelle de l’histoire. Je veux croire que vous aussi, vous aimez Haïti, faites le meilleur choix pour sauver la Patrie, pour ne pas payer les conséquences des inconséquences de vos actes ». Comme un coup de tonnerre, le 24 juillet 2024, dans une lettre adressée au Premier ministre Gary CONILLE, il est écrit dans le premier paragraphe: « Je tiens à vous informer que j’ai été approché par des Conseillers présidentiels, Messieurs Gérald GILLES, Smith AUGUSTIN et Emmanuel VERTILAIRE, qui ont exigé un paiement de 100 millions de gourdes pour conserver mon poste de Président de la Banque nationale de crédit », Sic. La première question qui nous est venue à la tête, est de savoir, ce trio du CPT fait-il partie de ceux qui disent « Adieu le triptype : dignité-intégrité-honnêteté » ? Dans l’affirmative, le pays tout entier, à l’exception de ceux qui se solidarisent dans le mal, doit faire corps, comme un seul homme derrière celui que nous considérons comme un héros national, Raoul Pascal PIERRE-LOUIS, qui dit haut et fort ce que beaucoup de fonctionnaires n’ont pas le courage de dire tout bas. La justice devra nous dire si le plaignant aurait raison ou serait-il un diffamateur négligent.
Le peuple haïtien n’étant pas prêt à accepter une autre lettre de démission comme celle du 24 avril 2024, invite les dirigeants à embrasser le triptype dignité-intégrité-honnêteté, dans la gestion de la chose publique. Au cas où les propos seraient diffamatoires, les Conseillers présidentiels sont tenus de poursuivre en justice, au nom de la République, afin que justice soit rendue au nom de la République, d’une part, le journaliste qui les a accusés de détournement du fonds de renseignement alloué au Palais national, à raison de 2,5 millions de gourdes chacun, d’autre part, Raoul Pascal PIERRE-LOUIS qui, de son côté, a accusé publiquement, à travers une lettre, trois des honorables Conseillers, dans le souci de laver la dignité, l’intégrité et l’honneur de ceux qui nous dirigent. Ce n’est pas la fin du monde, mesdames, messieurs les autorités, la reddition de comptes peut être exigée à tout moment, la redevabilité est une nécessité et un indicateur de bonne gouvernance.
Un pays ne se dirige pas, il est dirigé. Ce n’est pas Haïti la risée du monde, mais ses dirigeants qui oublient que la première République noire a fait la plus grande révolution du monde. Juste un petit rappel pour vous. Passons de la parole aux actes, afin que vous puissiez être utiles au pays.
Jean Barnave CHERON, citoyen patriote, avocat.
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